Le pari de Monsieur Jobs
vendredi 14 janvier 2005, 19:15 | MWSF05 > Apple > Apple |
Steve Jobs ne manque pas de talent, il ne manque pas de culot non plus. Car en présentant mardi le Mac Mini et l'iPod Shuffle, le fondateur d'Apple fait prendre à la société qu'il dirige sans doute le plus grand virage de son histoire. Le pari est d'autant plus beau qu'il est osé : reconquérir avec deux produits aussi beau que bon marché une clientèle abandonnée depuis trop longtemps au monde Windows. L'idée est aussi simple que géniale, puisqu'elle consiste à profiter de l'effet de mise en lumière de la marque, très positive, créé par le succès de l'iPod, pour vendre un ordinateur, le Mac Mini, dont Apple espere qu'il va à son tour devenir, comme l'iPod, un produit phare, une icône, un phénomène de société. De plus, en proposant un ordinateur relativement puissant et au design soigné, doté d'une suite logicielle conviviale, et à un tarif défiant toute concurence, Apple coupe définitivement l'herbe sous le pied de ses détracteurs pour qui le prix trop élevé des machines de la marque de Cupertino était un frein à son développement. Donc comme toujours, Apple innove, fait du beau, et pour la première fois, propose des tarifs accessibles au grand public.
Mais si le pari est beau, il est risqué.
Car quand Apple crée une icône culturelle avec l'iPod, prisé des mileux bo-bo et branchés, il s'adresse à une clientèle aisée, ou à une clientèle d'adolescents pour qui l'iPod représente un objet culte, un objet rare et de luxe, comme le sont certains vêtements ou chaussures de sport. Or le luxe a un prix. En introduisant un iPod Shuffle bon marché, qui risque de passer pour un iPod de seconde zone, un objet "cheap", Apple prend le risque de désacraliser un objet culte, qui peut perdre subitement tout intérêt pour le consommateur avide d'objets à la mode. A l'inverse, si les stratèges d'Apple considèrent que les ventes d'Ipod ne peuvent pas aller plus loin, à cause d'un tarif trop élevé et d'une clientèle aisée qui n'est pas extensible, mais pense qu'une clientèle moins fortunée va se ruer sur un petit lecteur usb a mémoire flash simplement parce qu'il se nomme iPod et qu'il est marqué d'une pomme, se sera une réussite et le signe étonnant que notre marque préférée est devenue elle-même une marque culte pour le grand public. Ce serait une mini révolution.
Mais si l'aventure du Shuffle ne présente pas de graves dangers, celle du Mac mini va être à suivre avec plus d'attention, car les risques sont grands. Le but affiché d'Apple, un peu comme à l'époque de la sortie du premier iMac, est de vendre le Mac mini aux switchers qui souhaitent passer du PC au Mac, aux personnes qui souhaitent acheter un ordinateur pour la première fois, et à sa "niche" habituelle (nous !) en lui proposant un Mac culte, comme l'a été en son temps le Cube. Mais en proposant l'iMac, Apple proposait de la simplicité, du "tout-en-un", de l'immédiatement fonctionnel, de la convivialité et, à l'époque, des performances certaines. Avec le Mac mini qui s'adresse à un public pas toujours sensibilisé aux "joies" de l'informatique, Apple risque d'introduire de la complexité en demandant à cette clientèle d'aller se procurer en plus clavier, souris et écran, elle qui a l'habitude de sortir des magasins de grande distribution avec une solution "tout-en-un" sous le bras. De plus, s'il faut ajouter à cette première complexité un réseau de distribution peu développé pour le grand public, et des délais d'attente de livraison des machines qui risquent de sembler effrayants et complexes pour un public auquel on propose de la simplicité, j'ai peur que l'objectif soit difficile à atteindre. Il faudra sans doute, pour avoir le même succès que l'iPod, qu'Apple, marque discrète, communique sur le Mac mini autant qu'elle le fait avec l'iPod, et avec beaucoup plus de constance. Il faudra aussi, mais Apple le sait, réaliser qu'on ne vend pas un ordinateur comme on vend un baladeur mp3. Et là où la marge était large sur un iPod, elle est plus faible sur un Mac mini, qu'il va donc falloir vendre en grandes quantités, et donc être capable de produire et de livrer dans des délais corrects, ce qui n'est pas le fort d'Apple actuellement. Si Apple réussit à transformer le Mac mini en objet culte pour le grand public et à lui assurer une politique de marketing audacieuse, ainsi que la production et la distribution qui doivent accompagner ce produit, la réussite sera au rendez-vous sans aucun doute.
Par contre, et au pire, si le Mac mini devait être un échec auprès du grand public, il ne resterait plus comme solution pour Apple qu'à réorganiser sa gamme, car le Mac mini met en danger une partie des produits plus pointus. Si pour certains d'entre nous il est déjà presque un objet culte, il représente aussi et surtout pour certaines entreprises ou grands établissements qui achètent en nombre, une solution trois fois moins couteuse que le premier Mac "tour", et la tentation peut être grande de se détourner d'un G5 pour un ordinateur certes moins performant mais trois fois moins cher. Quand à la fameuse "niche" constituée de personnes free-lance dans des domaines divers, et qui est grande consommatrice d'ordinateurs Apple "pro", elle risque aussi de se détourner du G5 pour lorgner sur un Mac mini très abordable, et dont l'absence de ports PCI ne pose pas de problème, au vu du nombre de périphériques FireWire qui s'adaptent parfaitement à une utilisation semi-professionnelle. Enfin, les écoles et autres universités, risquent d'être très peu intéressés par un produit qui pose la même problèmatique de mise en oeuvre que les PC , eux qui étaient justement séduit par la simplicité d'utilisation "tout-en-un", encore une fois, de l'iMac et surtout de l'eMac. Il faudra qu'Apple fasse une réel effort d'éducation dans le monde de l'éducation...
Si Apple voyait chuter ses ventes de Mac haut de gamme, sur lesquels la marge la plus importante est réalisée, que le succès du Mac mini n'était pas au rendez-vous, la marque de Cupertino se trouverait dans une situation plus que difficile, et risquerait de peiner à développer plus avant ses produits "professionnels". Le risque est donc bien présent.
A l'inverse, si le Mac mini rencontre le même succès que l'iPod, Steve Jobs aura gagné sans doute le plus important pari de sa vie et de celle d'Apple. Car si les ventes d'iPods "normaux" se poursuivent, que les clients d'iPods Shuffle sont au rendez-vous (500.000 iPods Shuffle seront produit chaque mois), que le Mac mini devient aussi un objet culte grand public (100.000 seront produit également chaque mois), que la clientèle habituelle ne se détourne pas des produits de la gamme habituelle (Apple semble vouloir produire 5.000.000 de Mac en 2005), mais achète les nouveaux produits en plus, ce sera sans doute la plus grande réussite pour Apple depuis sa création.
On ne peut que souhaiter à Steve Jobs qu'il réussisse, c'est l'intérêt d'Apple, mais c'est sans doute aussi le notre.
Mais si le pari est beau, il est risqué.
Car quand Apple crée une icône culturelle avec l'iPod, prisé des mileux bo-bo et branchés, il s'adresse à une clientèle aisée, ou à une clientèle d'adolescents pour qui l'iPod représente un objet culte, un objet rare et de luxe, comme le sont certains vêtements ou chaussures de sport. Or le luxe a un prix. En introduisant un iPod Shuffle bon marché, qui risque de passer pour un iPod de seconde zone, un objet "cheap", Apple prend le risque de désacraliser un objet culte, qui peut perdre subitement tout intérêt pour le consommateur avide d'objets à la mode. A l'inverse, si les stratèges d'Apple considèrent que les ventes d'Ipod ne peuvent pas aller plus loin, à cause d'un tarif trop élevé et d'une clientèle aisée qui n'est pas extensible, mais pense qu'une clientèle moins fortunée va se ruer sur un petit lecteur usb a mémoire flash simplement parce qu'il se nomme iPod et qu'il est marqué d'une pomme, se sera une réussite et le signe étonnant que notre marque préférée est devenue elle-même une marque culte pour le grand public. Ce serait une mini révolution.
Mais si l'aventure du Shuffle ne présente pas de graves dangers, celle du Mac mini va être à suivre avec plus d'attention, car les risques sont grands. Le but affiché d'Apple, un peu comme à l'époque de la sortie du premier iMac, est de vendre le Mac mini aux switchers qui souhaitent passer du PC au Mac, aux personnes qui souhaitent acheter un ordinateur pour la première fois, et à sa "niche" habituelle (nous !) en lui proposant un Mac culte, comme l'a été en son temps le Cube. Mais en proposant l'iMac, Apple proposait de la simplicité, du "tout-en-un", de l'immédiatement fonctionnel, de la convivialité et, à l'époque, des performances certaines. Avec le Mac mini qui s'adresse à un public pas toujours sensibilisé aux "joies" de l'informatique, Apple risque d'introduire de la complexité en demandant à cette clientèle d'aller se procurer en plus clavier, souris et écran, elle qui a l'habitude de sortir des magasins de grande distribution avec une solution "tout-en-un" sous le bras. De plus, s'il faut ajouter à cette première complexité un réseau de distribution peu développé pour le grand public, et des délais d'attente de livraison des machines qui risquent de sembler effrayants et complexes pour un public auquel on propose de la simplicité, j'ai peur que l'objectif soit difficile à atteindre. Il faudra sans doute, pour avoir le même succès que l'iPod, qu'Apple, marque discrète, communique sur le Mac mini autant qu'elle le fait avec l'iPod, et avec beaucoup plus de constance. Il faudra aussi, mais Apple le sait, réaliser qu'on ne vend pas un ordinateur comme on vend un baladeur mp3. Et là où la marge était large sur un iPod, elle est plus faible sur un Mac mini, qu'il va donc falloir vendre en grandes quantités, et donc être capable de produire et de livrer dans des délais corrects, ce qui n'est pas le fort d'Apple actuellement. Si Apple réussit à transformer le Mac mini en objet culte pour le grand public et à lui assurer une politique de marketing audacieuse, ainsi que la production et la distribution qui doivent accompagner ce produit, la réussite sera au rendez-vous sans aucun doute.
Par contre, et au pire, si le Mac mini devait être un échec auprès du grand public, il ne resterait plus comme solution pour Apple qu'à réorganiser sa gamme, car le Mac mini met en danger une partie des produits plus pointus. Si pour certains d'entre nous il est déjà presque un objet culte, il représente aussi et surtout pour certaines entreprises ou grands établissements qui achètent en nombre, une solution trois fois moins couteuse que le premier Mac "tour", et la tentation peut être grande de se détourner d'un G5 pour un ordinateur certes moins performant mais trois fois moins cher. Quand à la fameuse "niche" constituée de personnes free-lance dans des domaines divers, et qui est grande consommatrice d'ordinateurs Apple "pro", elle risque aussi de se détourner du G5 pour lorgner sur un Mac mini très abordable, et dont l'absence de ports PCI ne pose pas de problème, au vu du nombre de périphériques FireWire qui s'adaptent parfaitement à une utilisation semi-professionnelle. Enfin, les écoles et autres universités, risquent d'être très peu intéressés par un produit qui pose la même problèmatique de mise en oeuvre que les PC , eux qui étaient justement séduit par la simplicité d'utilisation "tout-en-un", encore une fois, de l'iMac et surtout de l'eMac. Il faudra qu'Apple fasse une réel effort d'éducation dans le monde de l'éducation...
Si Apple voyait chuter ses ventes de Mac haut de gamme, sur lesquels la marge la plus importante est réalisée, que le succès du Mac mini n'était pas au rendez-vous, la marque de Cupertino se trouverait dans une situation plus que difficile, et risquerait de peiner à développer plus avant ses produits "professionnels". Le risque est donc bien présent.
A l'inverse, si le Mac mini rencontre le même succès que l'iPod, Steve Jobs aura gagné sans doute le plus important pari de sa vie et de celle d'Apple. Car si les ventes d'iPods "normaux" se poursuivent, que les clients d'iPods Shuffle sont au rendez-vous (500.000 iPods Shuffle seront produit chaque mois), que le Mac mini devient aussi un objet culte grand public (100.000 seront produit également chaque mois), que la clientèle habituelle ne se détourne pas des produits de la gamme habituelle (Apple semble vouloir produire 5.000.000 de Mac en 2005), mais achète les nouveaux produits en plus, ce sera sans doute la plus grande réussite pour Apple depuis sa création.
On ne peut que souhaiter à Steve Jobs qu'il réussisse, c'est l'intérêt d'Apple, mais c'est sans doute aussi le notre.
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