Yamaha CS6X
10 janv. 2000 - par cmdm
Yamaha, décidément intarissable, nous livre ici la troisième version de sa série CS/X. Après les CS 1X et 2X, voici le n°6. Loin d'être un prisonnier, ce dernier modèle tendrait plutôt à briser les chaînes des caractéristiques de la gamme pour pointer son nez du côté des pros. Pour une fois qu'une série est déclinée vers le haut…Depuis la sortie du CS1X, le genre ne s'était guère renouvelé et mis à part le CS2X, qui se contentait de quelques améliorations, on pouvait imaginer que cette gamme s'éteindrait naturellement sous peu. C'était sans compter sur les ingénieurs de Yamaha qui se sont visiblement fait plaisir en concevant le CS6X. Très franchement, mis à part un air de famille déjà lointain et le logo, tout laisse supposer qu'il s'agit bien d'un nouvel appareil. Le CS1X avait introduit le concept du retour aux contrôleurs temps réel, qui avaient bel et bien disparu grâce à (à cause de, au choix) …Yamaha, avec l'arrivée du DX7! Il est bon de constater que quelques années plus tard, les constructeurs ont fini par écouter les musiciens, qui réclamaient des accès direct à la synthèse et des vecteurs de modulation en temps réel. Le CS6X représente une sorte d'aboutissement dans ce concept du synthé "facile" et performant tel que nous aimons en rencontrer aujourd'hui. S'il est vrai que cela ne doit pas être trop compliqué pour un fabricant comme Yamaha de regrouper un certain nombre de technologies au sein d'un même appareil, il faut quand même une bonne dose d'imagination pour que les ingénieurs pondent un synthétiseur à la fois simple et puissant. Le plus grand problème que l'on peut rencontrer avec ce type d'outil, c'est l'ennui, passé les quelques semaines d'amusement . C'est souvent là que nous pouvons déceler les faiblesses d'un produit, une fois digéré les superbes démonstrations et les effets enjôleurs… Dans le cas du CS6X, les possibilités et combinaisons sont tellement puissantes qu'hormis le fait, tout relatif, que nous puissions nous lasser des banques sonores (il ne tient qu'à l'utilisateur d'acquérir des cartes Plugs In avec de nouvelles synthèses), le musicien n'est pas prêt de faire le tour d'un tel engin. Et c'est peut être là que nous découvrons une des évolutions majeures de la lutherie électronique: dans la diversité des synthèses proposées et des modes de productions au sein d'une seule unité. Jusqu'à maintenant le concept de "workstation" visait essentiellement à réunir un générateur de sons et un séquenceur. Avec un CS6X, nous dépassons largement ce stade puisque la puissance est dégagée dans la partie des timbres associées à divers modules de création musicale en temps réel et l'avenir est certainement dans cette voie choisie par le constructeur japonais!
Interface | |
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Il semblerait que le gris anodisé, comme le bleu d'autres modèles, remplace le sempiternel noir qui a paré nos synthés pendant plus d'une décennie. Et bien tant mieux! Le look du CS6X est sympa et d'emblée, nous avons envie de le découvrir. La face avant est prometteuse et nous livre pas moins de dix neuf boutons rotatifs de contrôle dont sept rien que pour gérer l'écran (identique à celui du A 3000). Vingt quatre switches appellent directement les timbres, complétés par six touches de banques. Quatorze touches encadrent l'écran, zone stratégique de la face avant, afin d'accéder aux menus et à l'édition pas à pas des données. Reste que la partie la plus intéressante se trouve sur la gauche de l'appareil, à savoir un pavé de contrôleurs temps réels, un mini séquenceur et quelques autres fonctions innovantes. Un ensemble de deux molettes qui surmontent un mini ruban tactile complètent un clavier de cinq octaves. La face arrière n'a rien à envier à bien des modèles "dits" professionnels. La paire de sorties principales est renforcée par une paire de sortie séparées, une double entrée A/D à niveau ligne et micro (sur l'entrée 2) permet le raccordement d'outils externes. Une prise casque est bien sûr présente mais comme d'habitude, nous aurions aimé la trouver en avant de l'appareil et non derrière. Deux entrée pour pédale (volume et contrôle), deux pour le sustain et un interrupteur (marche arrêt du séquenceur, changement de programme…) sont complétées par une entrée pour contrôleur à souffle (Breath controler), apparu sur le fameux CS01… La prise de liaison informatique est là, avec sont interrupteur de sélection (PC/MAC), ainsi que le bornier MIDI in/out/thru. Enfin, un double slot pour carte Smart Media 3,3 volts orne la face arrière et nous ne pouvons que nous réjouir d'un tel choix. Hormis le fait que ce système de stockage s'avère des plus pratique, signalons que ce standard de cartes, les 3,3 V, sont les moins coûteuses du marché, histoire de rappeler à un autre constructeur japonais que les siennes sont forts chères et souvent introuvables en grande surface informatique… Terminons ce tour d'horizon par un slot d'extension qui trône au centre de la face arrière. Rien à signaler du côté de la documentation, rien non plus côté constructeur…Alors, messieurs les constructeurs…Une nouvelle interface en perspective??? Allez, soyons indiscrets et révélons ici que ce slot accueillera très prochainement une interface…FireWire! Et oui, vous avez bien lu, ce nouveau protocole adopté par Apple depuis plus d'un an sur ses UCs est aussi un cheval de bataille pour Yamaha. Cette liaison, qui remplacera, à terme, le SCSI, offre de nombreux avantages, comme la connexion /déconnexion "à chaud" ou encore le taux de transfert de Quatre cent MBits /sec. Tous les protagonistes travaillant sur ce standard sont regroupés autour de la norme 1394, dont Yamaha est un des premiers signataires. Enfin, sachez que dessous l'appareil, nous trouvons une trappe donnant accès à deux slots prêts à recevoir chacun une carte de la série PLG, proposant au choix, de la synthèse FM, des sons de piano, de la synthèse AN, un kit complet XG, de la synthèse virtuelle VL ou encore de la synthèse de voix par harmonisation et vocodeur. Ces cartes présentent des polyphonies distinctes ainsi que des effets incorporés.
Synthèse | |
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Amis de l'AWM2, bonjour! Et oui, sans crier au génie ou à l'innovation, il faut bien admettre que ce type de synthèse a encore quelque beaux jours devant lui. Cela dit, servi par une série de filtres multi-modes et par un échantillonnage de formes d'ondes particulièrement bien réussi, cette synthèse prend ici toute sa dimension. Fort d'une polyphonie de soixante quatre voix, le CS6X peut faire face à bien des styles musicaux. La multitimbralité est de seize parties + 1 pour la section A/N, encore une pour la génération de "phrase clip" et enfin une par carte d'extension. Tout cela alimentera sans peine les pistes du petit séquenceur interne ou la lecture de Midi File. Rappelons aussi que nous l'évoquions plus haut, l'ajout de cartes de synthèse est possible et décuple les possibilité du CS6X. En effet, il ne s'agit pas de simplement faire appel à une nouvelle banque de formes d'ondes (comme sur un JV Roland par exemple) mais bien de fournir un autre type de synthèse avec ses paramètres propres et ses banques de sons! Du coup si nous additionnons la synthèse interne, l'échantillonnage en seize bits linéaire, Quarante quatre kHz via les entrées ligne et micro et deux types additionnels de générations de sons avec les cartes d'extensions, on est en face d'un synthé ultra puissant, mais toujours aussi facile à utiliser. N'hésitons pas à le dire: la qualité des timbres est excellente et la dynamique omniprésente. Cela vaut mieux car le penchant naturel des banques de sons à flirter avec les styles musicaux actuels nécessite une bonne dose de puissance… Au cas ou toutes ces formes de génération de timbre seraient trop complexes à éditer, Yamaha a eu la bonne idée de fournir gracieusement un logiciel (MAC et PC) dédié au CS6X. Ce soft, assez bien présenté peut aussi servir de bibliothèque sonore pour l'archivage. Il est vrai qu'aujourd'hui, la place que tient l'ordinateur dans la gestion de notre musique, est de plus en plus importante. Alors, pourquoi ne pas solliciter l'UC pour l'édition et la gestion de nos synthés favoris… Un autre utilitaire, le Card Filer, toujours au format Mac et PC permet d'éditer les cartes SmartMedia! Ce qui devient très pratique c'est que nous pouvons , par exemple, transférer directement un fichier SMF (Midi File) de l'ordinateur vers la carte! Voilà une trouvaille pour le moins originale et bienvenue. Attention cependant, sur Mac cet utilitaire ne semble pas gérer les interfaces multi port telles que la Midi Time Piece…reste à savoir si ce problème est en relation avec le principe même du multi port MIDI ou avec la vitesse d'exécution entre l'interface et l'ordinateur, qui, dans le cas de ces métériels peut atteindre quatre fois la vitesse nominale du MIDI…Allo? Yamaha?
Phrase Clip | |
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Le Phrase Clip est indéniablement un des éléments principaux qui participent au côté "temps réel" et "groovy" du CS6X. En fait, il s'agit d'enregistrer des phrases musicales jouées au clavier ou enregistrées à partir d'une source externe micro ou ligne. Nous pouvons même enregistrer le contenu du séquenceur interne pendant le défilement de celui-ci. La mémoire interne de quatre MO autorise le stockage de deux cent cinquante six extraits, de quoi voir venir… ce qui est assez amusant c'est l'orientation de ce module car plutôt que de tout baser sur l'utilisation d'un séquenceur puissant qui ne rivalisera pas avec un outil informatique, Yamaha a préféré prendre l'option de l'instantané, via un détournement de la fonction d'échantillonnage! Le résultat est assez probant et représente une alternative pour tous ceux qui désireraient accéder rapidement à des boucles variées mais éventuellement complexes. Nous pourrons d'ailleurs réunir plusieurs extraits dans des "Clip Kit" et assigner des parties distinctes aux parties d'une performance. Quatre "Clip Kits" pourront être ainsi mémorisés.
Arpégiateur | |
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Ce module semble indissociable des synthétiseurs d'aujourd'hui! Celui du CS6X est un modèle du genre et recèle bien des possibilités! Pas moins de cent vingt huit types d'arpèges sont regroupés dans ce module. Un certain nombre d'entre eux sont d'ailleurs calibrés pour les kits de batteries, simulant ainsi parfaitement une rythmique. Le tempo de l'arpégiateur est réglable en face avant mais peut être aussi asservi par une horloge MIDI externe. Autre bonne nouvelle: ce module adresse ses données via la borne MIDI out, ce qui permet donc de profiter des motifs internes pour contrôler l'ensemble de son parc de son set up. Pour des effets particuliers, nous pourrons doser le paramètre de Gate, pour jouer sur la longueur de chaque événement ou encore activer la fonction "Hold" pour le maintien des arpèges, laissant ainsi les mains libres pour modifier les paramètres de timbre grâce aux différents boutons de la face avant. Comme pour les autres fonctions du CS6X, l'écran bien dimensionné rappelle à chaque instant l'ensemble des paramètres et leur valeur, il suffit pour cela d'activer la touche "Edit" et de se balader dans les différentes pages en éditant les paramètres à l'aide des boutons rotatifs situés sous l'écran; un mode de gestion totalement assimilé de nos jours.
Les effets? | |
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Grâce à un circuit DSP largement dimensionné, le module d'effet du CS6X est capable de générer cinq effets simultanément et de façon indépendante. Une tendance très actuelle qui confirme bien l'idée que les effets deviennent vraiment des sous modules de synthèse, entendez par là qu'ils participent pleinement à l'élaboration d'un timbre et ne se contentent plus de jouer les ambiances comme ce fut le cas pendant de nombreuses années. La section Reverb est constituée de douze types différents, le Chorus de vingt trois . De quoi s'amuser un peu. Ce sont là les effets généraux, à cela il faut ajouter ce que Yamaha appelle les effets d'insertion, au nombre de vingt quatre parmi lesquels nous retrouvons néanmoins Reverb et Chorus selon la priorité que nous désirons donner à ce type de traitement. N'oublions pas non plus que les cartes Plugs in comportent aussi leur propre module d'effets (dont les caractéristiques varient selon les cartes) que nous pourrons retrouver au sein d'une performance par exemple. Une touche très pratique sur la face avant permet d'activer/désactiver l'ensemble des effets et parmi les contrôleurs temps réel, deux sont assignés à la profondeur des Chorus et Reverb. Leurs variations bénéficieront donc des deux mémoires de scènes ainsi que de la transmission des valeurs via MIDI.
Conclusion | |
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Assurément, voilà un bon synthétiseur. Même si son moteur est loin d'être révolutionnaire, l'effet de puissance qui s'en dégage viendrait plutôt de ses airs de famille avec les appareils haut de gamme de chez Yamaha. L'ajout de cartes Plugs in de la série PLG apporte néanmoins une ouverture sans précédent dans le monde de la synthèse puis que nous pouvons réellement parler de multi-synthèse pour un synthétiseur qui ne représente pas un gamme très professionnelle (comme c'était le cas pour les EX de la même marque) Tout est là, ou presque, pour faire du CS6X le compagnon idéal pour la composition ou l'exécution live de morceaux. La lenteur de l'affichage et de la transition entre les programmes, surtout en mode performance, est un handicap pour qui veut travailler vite et espérons que le fabricant saura corriger le tir dans une version prochaine de son système d'exploitation. Pour le reste, il s'agit d'un super synthé, dont le son et les capacités sont nettement au dessus de ce qu'avait proposé la gamme CSX jusqu'à présent. Les contrôleurs temps réels font merveille et les filtres multi-modes servent efficacement les variations de timbres à la volée. Le prix semble un peu élevé compte tenu de la gamme à laquelle le CS6X appartient, puisque celle-ci se caractérisait jusqu'à présent par des modèles très accessibles. Néanmoins ce synthé reste une des bonnes affaires de ce début d' année.
Caractéristiques techniques | |
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Clavier
61 touches, 5 octaves, pression et aftertouch
Synthèse: AWM2
Multitimbralité: 16 + 1 (A/D) + 1 (Phrase Clip) + 2 (Plug-in)
Polyphonie: 64 Notes
Effets:
Reverb: 12
Chorus: 23
Insersion d'effets: 92
Insersion d'effets pour les cartes Plug-in: 24
Egaliseur section Master: 4
Programmes
Présets: 256, drum kits: 8
Utilisateurs: 128 internes + 128 externes
drum kits:2 Internes +2 externes
Cartes Plug-in
Utilisateur
64 (Plug-in 1), 64 (Plug-in 2)
Performance
Utilsateur
128 internes + 64 externes
4 zones de split/layer
Multitimbralité en mode performance
16 + Plug-in 1 + Plug-in 2 + A/D + Phrase Clip
2 mémoires de scène par programme /Performance
Phrase Clip
Mémoire: 4 MB (volatile)
Clips: 256
Clip Kits: 4 (73 keys x 4 sets)
Fréquence d'échantillonnage: 44.1 kHz, 16-bit
Arpéggiateur
128 Types
Séquenceur
SMF Playback (Format 0) Direct Play uniquement
Extensions:
2 Slots pour carte Plug-in PLG
2 slots pour cartes SmartMedia 3,3 V
Contrôleurs
Pitch Bend,, modulation, contrôleur à ruban, bouton de réglages du son x 14,Volume, Boutons assignales X 5, Switches d' Entrée/Page x 2, molette de réglage de gain A/D
Entrées/sorties
Sortie: l/mono, r Jacks 6.35
Sorties individuelles 1, 2
Breath controller
Pédale de volume
Pédale de contrôle
Sustain
Interrupteur au pied
Midi: in/out/thru
To host: mini din
Prise casque: stéréo jack 6.35
Convertisseur A/d : mic/ligne 2, ligne 1 (stéréo )
In
Les synthèses possibles, le Phrase Clip, l'ergonomie générale, la qualité des sons, l'écran bien dimensionné, le soft d'édition fournit MAC/PC, la sauvegarde sur SmartMedia
Out
La lenteur de l'OS, pas de sorties séparées en nombre pour les cartes d'extension, le séquenceur anecdotique.
A propos de l'auteur: cmdm
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