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Produire des Voix-Off de Qualité Professionnelle à la Maison, 1ère Partie

14 juin 2016
Nos amis de Sound on Sound ont publié un article en deux parties, écrit par Jason Bermingham, artiste américain qui vit au Brésil. En voici la première partie.

Traduction
Cet article vous est offert, grâce au fantastique travail (et à la grande patience) de Pascal Besserve qui l'a entièrement traduit depuis l'anglais.
Pour réussir en tant qu’artiste voix-off autoproduit, vous devez être bien plus qu’un bon ingénieur du son… Jason Bermingham

Vous avez-vous une super voix ? Vous n’êtes peut-être pas le meilleur chanteur du monde mais vous avez peut-être une bonne voix parlée. Ajoutez-y un home studio et vous pourriez envisager une activité complémentaire comme comédien voix-off autoproduit. Gagner de l’argent en tant que voix-off a longtemps été synonyme de vivre dans une grande ville, d’envoyer des démos par la poste et de rester bloqué dans les embouteillages entre deux auditions. Mais comme pour le milieu de la musique, les prix abordables du matériel d’enregistrement, les home studios et la vitesse des flux d’internet ont redéfini ce métier. Une mère de famille à Angoulême peut désormais enregistrer un message d’accueil téléphonique pour une agence de voyage à Rome, un acteur à New York peut commenter une vidéo pour une entreprise russe de pneumatiques ou, pour prendre mon propre exemple, un américain expatrié peut enregistrer un manuel scolaire d’anglais tandis que sa femme brésilienne prête sa voix à des logiciels développés en République tchèque et le tout depuis le confort de leur maison à Sao Paulo.

Il y a plus d’opportunités dans l’industrie de la voix off qu’il n’y en a jamais eu, mais la concurrence n’a jamais été aussi féroce. Ainsi, dans ces deux articles, je vais développer ce que vous devez savoir pour bien commencer en tant qu’artiste voix-off en home studio et en faire à terme une activité rémunératrice. Dans cette première partie, je vais expliquer certaines différences entre les industries de la musique et de la voix-off et évoquer les différents rôles qu’il vous faudra interpréter avec talent. La prochaine fois, je parlerai de ce qui fait une bonne voix, du type de home studio dont vous aurez besoin et comment commencer à obtenir du travail.

Le Rôle de la Voix-off

    Il y a deux priorités dans le travail de voix-off : le message que l’on vous demande de véhiculer et l’invisibilité – j’entends par-là qu’il ne faut pas que l’on remarque votre voix. Cela peut sembler paradoxal. Après tout, pourquoi ne pas faire une super voix ? Eh bien, parce que l’auditeur doit se focaliser sur le message. Votre client vous paie pour transmettre, plus que pour votre voix elle-même. Elle doit donc sonner naturelle. Même pour des phrases d’accroches où vous pourriez penser qu’une voix plus pleine, plus chaude, plus compressée (ou tout autre) serait adaptée, la maison de production souhaitera souvent appliquer de l’égalisation et de la compression elle-même. J’ai mis beaucoup de temps à comprendre cette leçon, mais mes clients sont beaucoup plus satisfaits lorsque je leur envoie un enregistrement simple, sans effets. Je dois simplement garder à l’esprit que je fournis un matériau de base qu’ils pourront intégrer dans leur mix et y ajouter leur propre patte.

    Même si vous mixez vous-mêmes, il est préférable de n’ajouter de l’égalisation et de la compression que si vous pouvez imaginer comment la voix s’intègrera dans la bande-son ou les effets spéciaux. Finalement, cela revient à savoir à quoi servira votre voix et de s’en faire une idée. Par exemple, si j’enregistre un slogan ou une pub radio, je branche généralement un micro dans un bon préampli (avec lequel je peux ajouter la légère chaleur des lampes et une légère égalisation et compression pour simplement donner au son un peu plus de « corps ») et j’ajoute parfois un léger de-esser en plug-in au moment de l’édition. Par contre, pour les enregistrements d’E-learning, les vidéos d’entreprises etc, j’ai tendance à ne pas ajouter d’effets dynamiques lors de l’enregistrement ou de l’édition et utiliserai le de-esser avec parcimonie.

    En quoi l’approche est-elle différente ? Un grand nombre de mes travaux d’E-learning et d’entreprises sont faits pour des maisons de production qui ajouteront d’autres voix dans le mix. Si je m’enregistre avec un super micro et préampli et ajoute de supers effets dynamiques, ma voix peut finir par se distinguer des autres voix, attirant l’attention sur elle. La production considérera que je « créé un problème », même si mon enregistrement sonne mieux que celui des autres!

    Une Seule Tête, Plusieurs Casquettes

      Vous commencez chaque projet comme producteur, consultant votre client pour vous informer sur le projet concerné. Vous devenez ensuite ingénieur du son, en charge du matériel d’enregistrement et des logiciels, positionnant le micro et réglant les niveaux. Puis vous vous placez devant le micro comme un comédien, oralisant une page écrite et créant un lien avec l’auditeur. En même temps, le directeur artistique qui est en vous est assis derrière la double vitre virtuelle et s’assure que vous ne prononcez pas un mot de travers ou ne trébuchez pas sur un passage du texte. Vous passez ensuite au statut d’éditeur audio, nettoyant les meilleures prises et envoyant le résultat à votre client. Vous devez être en mesure de jouer tous ces rôles avec talent et meilleur vous êtes dans chacun d’eux, plus votre activité prospèrera.

      Le Producteur
        Fin 2009, ma femme Simone a reçu un email de Prague. L’expéditeur, Mirek Jirku, était en charge d’un projet d’enregistrement de messages vocaux pour des versions multilingues du dernier logiciel antivirus Avast. Mirek nous envoya huit messages à enregistrer, indiqua le budget et la date-butoir et demanda une lecture posée et un ton agréable. Il nous demanda de lui envoyer des fichiers stéréo séparés en MP3 (à 160kbps ou supérieur), précisa que nous devrions signer un engagement de confidentialité avant l’enregistrement, qu’il nous faudrait lui envoyer une facture et enfin qu’il nous réglerait par virement bancaire (au lieu de Paypal, souvent utilisé pour les paiements internationaux).

        En d’autres termes, Mirek nous a donné toutes les informations nécessaires avant de commencer le travail. Cependant, ce n’est malheureusement pas ainsi que cela fonctionne habituellement. En général, il vous faudra sérieusement insister auprès de votre client pour obtenir les renseignements dont vous avez besoin afin de fournir un travail de qualité. Si vous êtes tout sauf certain quant à ses attentes, soit en termes d’interprétation soit de questions techniques ou organisationnelles comme les formats audio à livrer ou le mode de règlement, épargnez-vous une perte de temps et un mal de tête en évacuant tout doute préalablement et n’appuyez pas sur le bouton « Record » jusqu’à ce que votre client vous ait donné le feu vert par email. Une fois ceci réglé, vous pourrez plus facilement mettre vos autres casquettes et vous lancez dans le projet.

        L’Ingé-Son

          Le rôle de l’ingénieur du son sera sans doute le plus familier à nos lecteurs et la question de la qualité technique du son en matière de voix-off ne diffère en rien de celle de toute autre session d’enregistrement. La différence majeure pourra être que certains clients vous demanderont des fichiers audio en 48kHz au lieu du 44.1kHz généralement utilisé en musique. La fréquence d’échantillonnage à 48kHz garantie un nombre entier d’échantillons audio pour chaque image, en enregistrement vidéo aux standards 24 ou 25 images par seconde.

          En tant qu’ingénieur du son, votre rôle-clé est de définir et de préparer le lieu d’enregistrement, de choisir et de placer le micro, de régler les niveaux et d’assurer une captation claire, propre et à un niveau optimal. Comme en matière de musique, plus le niveau d’enregistrement est élevé, moins vous aurez de bruit de fond. Cependant, vous n’allez pas parler plus fort, au risque de perdre du naturel ou de saturer les niveaux à l’enregistrement car toute distorsion s’entendra sur un passage exposé de la voix et une super prise accompagnée d’un écrêtage numérique sera inutilisable. Si vous n’entendez de la saturation qu’au moment de l’édition, certains logiciels de restauration d’écrêtage pourront vous aider à rendre la prise utilisable mais sans être parfaite. Souvenez-vous si l’on devait flirter avec les limites de niveau avec les magnétos analogiques ou les premiers systèmes numériques d’enregistrement en 16 bit, les convertisseurs modernes acceptent en revanche une gamme dynamique beaucoup plus étendue. Ainsi, plus besoin de gonfler les niveaux d’enregistrement, vous pouvez laisser beaucoup plus de marge.

          Enfin, au fur et à mesure de vos projets, vous accumulerez de nombreux fichiers audio donc un bon « ménage » dans vos sessions et enregistrements sera un must ! Un coup d’œil au nom de fichier simone_kliass_avast_virus_database_neumann_tlm_103_original.wav, et je peux tout de suite dire qu’il s’agit de l’enregistrement original du message de Simone « Votre base de données de virus a été mise à jour » en portugais pour Avast, avec un micro Neumann TLM103. Peu importe votre propre organisation, tant qu’elle fonctionne et que vous vous y tenez.

          Le Comédien

            Une excellente interprétation enregistrée avec un matériel moyen sonnera toujours mieux qu’une interprétation moyenne enregistrée avec un excellent matériel. En préparant bien les choses avant la session, il vous sera beaucoup plus facile de vous déstresser et de vous concentrer sur le message et sur l’auditeur.

            Analysez le script, scrutez les termes posant question et vérifiez leur prononciation. Si vous ne savez pas comment prononcer le nom d’une entreprise ou d’un produit, appelez le service client de la société (ils devraient pouvoir le prononcer correctement…). Si vous ne savez pas comment énoncer le nom d’une personne ou d’une ville, essayez les sites web d’infos sur le sujet.
            Au moment d’enregistrer votre voix, essayez d’imaginer le micro comme l’oreille de votre auditeur. Faites-vous en une idée, une image, et lisez le script comme si les mots vous venaient à l’esprit à ce moment-même. La distance entre votre bouche et le micro doit idéalement être la même que celle entre votre pouce et votre auriculaire lorsque vous écartez les doigts (voir photo ci-dessous).

            Rapprochez-vous du micro quand vous parlez moins fort et éloignez-vous-en lorsque vous parlez plus fort. Lorsque vous portez la casquette d’ingé-son, souvenez-vous d’en tenir compte lorsque vous réglez vos niveaux. Utilisez toujours un filtre anti-plosives et essayez de travailler légèrement hors-axe car viser un point juste à gauche ou à droite du micro évitera les fortes expirations d’air ou les bruits de salive qui ruinent un enregistrement. Je conseille également de n’utiliser qu’une seule oreillette du casque car cela vous permet de juger votre volume et d’entendre les saturations ou les plosives dans l’enregistrement tout en entendant le son naturel de votre voix, ce qui facilite la concentration sur le message. Simone en fait la démonstration dans la photo de la prochaine page. Elle travaille légèrement hors axe et s’est reculé de quelques centimètres pour pouvoir développer plus d’énergie.

            Le Directeur Artistique

              Lorsque je travaille en solo, c’est le rôle que je trouve le plus difficile. Comment peut-on se laisser aller à narrer et rester à l’affut des erreurs en même temps ? Si vous vous arrêtez chaque fois que vous prononcez mal un mot ou adoptez la mauvaise intonation, votre enregistrement parlé sonnera erratique ou forcé. C’est pour cette raison que je préfère enregistrer deux fois le script. La première fois, je fais sortir le « directeur artistique » de la pièce et me concentre sur le message. Si possible, je laisse même la bande-son de la vidéo se diffuser doucement dans mon casque et je ne m’arrête pas plus à cause des erreurs que je ne le ferais si je racontais une histoire à un copain. Pour la deuxième prise, je fais à nouveau entrer le directeur artistique dans la pièce pour m’assurer de ma bonne prononciation et de l’emphase sur les points nécessaires, en essayant toujours de conserver une interprétation fidèle et naturelle.

              Grace à une bonne préparation, la première prise est souvent celle que je me retrouve à éditer et à envoyer à mon client. La seconde n’est là que comme «  bouée de sauvetage » dans le cas où je devrais remplacer une erreur lors de l’édition. Il est nettement préférable d’enregistrer ces deux versions durant la même séance car cela garantie que le micro sera à la même place et que votre voix aura les mêmes caractéristiques tonales dans les deux prises.

              L’Editeur Audio

                En tant d’éditeur audio, vous devez transformer l’enregistrement brut en une version finale à envoyer à votre client. Editer pendant la session d’enregistrement peut s’avérer problématique et plus particulièrement si vous enregistrez dans un environnement domestique. Comment espérer entendre le bourdonnement du lave-vaisselle en train de massacrer votre prise si celui-ci est toujours en marche lorsque vous éditez? Je développerai plus en détail l’agencement d’un studio d’enregistrement de voix-off la prochaine fois mais pour l’instant, s’il ne vous est pas possible d’enregistrer dans une pièce séparée ou dans une cabine isolée, essayez au moins d’éditer le lendemain matin (ou même la nuit…) lorsque tout est plus calme, car réécouter vos prises avec des oreilles reposées et dans un environnement moins bruyant vous aidera à faire les meilleurs choix d’édition et révèlera des bruits qui avaient échappé jusque-là à votre attention.

                J’utilise la suite Adobe Audition pour éditer mes propres voix-off mais les techniques décrites ci-dessous sont les mêmes que celles offertes par la plupart des logiciels d’édition audio. Commencez par créer une copie de votre enregistrement d’origine (je conserve le nom du fichier mais remplace l’extension « original » par « edit »). Ensuite, je me concentre sur la toute fin de l’enregistrement où je me suis reculé du micro après la seconde prise et ai continué à capter 10 secondes de silence. Je travaille au casque, je zoome sur la zone de « silence », augmente le volume de monitoring et écoute le bruit de fond. Si je remarque un bruit constant dans l’enregistrement, j’utilise le réducteur de bruit d’Adobe Audition pour capturer une ou deux secondes de ce silence pour réduire ensuite ce bruit indésirable d’environ 75 pour cent sur l’ensemble de l’enregistrement. Je dois avouer que cela s’avère rarement nécessaire et que cela reste de dernier ressort car ce genre de traitement peut générer des effets de phase ou métalliques qui attirent plus l’attention par eux-mêmes que le bruit que vous aviez l’intention d’éliminer ! Mais c’est une bonne chose d’écouter ce genre de problèmes avec des oreilles fraiches au début du travail d’édition. Si vous devez souvent utiliser le réducteur de bruit, c’est le signe qu’il vous faut trouver un meilleur endroit pour enregistrer ou que vous devez améliorer l’isolation de l’espace que vous avez choisi. N’oubliez pas qu’il existe d’autres façons de traiter ce problème de bruit : souvent un filtre passe-haut, par exemple, sera suffisant pour nettoyer un enregistrement. Souvenez-vous également que si votre enregistrement est destiné à être mixé avec de la musique, un léger bruit de fond ne sera pas audible mais que plus votre voix sera mise en avant dans le mix final, plus le bruit deviendra un problème.

                A ce stade et à moins que vous ne travailliez pour des applications broadcast (où l’on ne travaille pas aux niveaux crêtes), considérez de « normaliser» votre enregistrement à un niveau optimal. La normalisation est utilisée pour remonter la plus haute crête vers -1dB et augmenter le volume de tout l’enregistrement avec le même taux. Vous pouvez aussi bien sûr « resserrer » la dynamique (la différence entre les parties les plus faibles et les plus fortes de votre enregistrement) et réduisant manuellement les parties les plus fortes avant d’appliquer la normalisation. Enfin, si vous envisagez d’utiliser un compresseur, vous pouvez très bien ajouter du niveau à ce stade au lieu de normaliser.

                Comme je l’ai expliqué, la plupart de nos clients préfère s’occuper de la post-production eux-mêmes et demande les enregistrements bruts (mais édités, c.a.d. avec les versions finales de narration). Parfois cependant, comme lors du travail pour Avast, le client souhaite des fichiers « prêts à l’emploi », ce qui peut impliquer l’utilisation d’une égalisation et d’une légère compression. Le bruit de fond de mes enregistrements oscille généralement vers -54dB mais en utilisant l’égaliseur pour couper les fréquences en dessous de 80hZ et au-dessus de 12kHz, je parviens habituellement à abaisser ce bruit aux alentours de -57dB sans devoir utiliser le réducteur de bruit. L’utilisation de l’EQ pour réduire les bruits de ronflement et les bruits des hautes fréquences améliorera votre enregistrement et s’avérera particulièrement utile si vous devez utiliser de la compression ultérieurement car le gain de sortie du compresseur ne relèvera pas le volume de ces bruits. Utilisée modérément, la compression réduira efficacement la dynamique et améliorera ainsi l’intelligibilité de la diction tout en conservant un résultat au son naturel. Utilisée avec excès, elle détruira toute « vie » d’un enregistrement de voix.

                Ce n’est qu’après ce type de traitement que je commence le nettoyage de l’enregistrement et la gestion des parties silencieuse entre les passages parlés. Un noise gate (ou la fonction off-line « strip silence ») peut permettre de couper (mute) automatiquement les passages qui descendent sous un certain niveau. Cependant, s’il n’est pas utilisé avec précaution, un tel traitement peut couper les « t » et les « p » des fins de mots ainsi que les respirations naturelles. Pire, si votre enregistrement est bruyant, un noise gate accentuera le problème car votre client pourra entendre la différence entre le bruit de fond de la pièce et une coupure totale. Une autre astuce est d’utiliser un expandeur qui agisse vers le bas pour réduire le bruit de fond des passages calmes plutôt que de le couper totalement.

                L’échantillon de Bruit de Fond de la Pièce

                  Cependant, une meilleure façon de nettoyer un enregistrement de voix avec un rendu sonore plus naturel est de coller des extraits de « silence », celui de votre home studio. Pour ce faire, réveillez-vous tôt (c.a.d. quand votre maison est calme), allumez votre matériel et réglez les niveaux comme pour un enregistrement habituel. Enregistrez ensuite une minute complète de silence aux taux d’échantillonnage et à la résolution d’octets que vous utilisez généralement. Répétez ce processus pour chaque micro différent que vous utilisez et sauvez chaque fichier dans un dossier appelé Bruit de la Pièce ou quelque chose d’également évocateur.

                  Puis, passez ces fichiers dans vos filtres passe-haut et passe-bas habituels, zoomez sur la forme d’onde et sélectionnez un extrait d’une seconde de silence de chaque enregistrement. Sauvegardez ces extraits séparément. Par exemple, chez moi, un extrait d’une seconde de silence enregistrée en 16-bit, 44.1kHz avec un Neumann TLM103 s’appellera : : bruit_pièce_neumann_tlm_103_44100_16_une_seconde.wav. Idéalement, le bruit de fond de chaque extrait sera inférieur à -60dB. Ainsi, quand vous devrez enlever un bruit de choc ou un grincement entre les mots, vous pourrez coller à la place un morceau de ces extraits au lieu d’un silence absolu, ce qui attirerait l’attention.

                  Malgré tout, tous les bruits ne peuvent être remplacés comme cela : vous devez repérer les claquements, les plosives et autres bruits indésirables. On parvient normalement à les réparer de façon acceptable grâce à l’outil « réparer » ou l’outil « crayon » pour redessiner la forme d’onde. Les plosives (les « p » projetés) peuvent généralement être résolus par un filtre passe haut réglé à 100hZ. Pour une anomalie ou un bug numérique isolé, vous pouvez zoomer et découpez le cycle de la forme d'onde dans lequel l’anomalie apparaît. Faites seulement attention que le début et la fin de la coupure se fassent à l’endroit où la forme d’onde traverse la ligne centrale, ou vous risquez d’ajouter une autre anomalie numérique. Si ces anomalies ou bugs sont fréquents, il est probable que ce soit lié au réglage de la mémoire tampon de votre interface audio et ce n’est peut-être qu’un problème lors de la lecture.

                  Surveillez également les sifflantes, le mieux restant de corriger ces « s » accentués à la source grâce à un bon placement du micro. Il arrive cependant qu’’elles soient inévitables. Si vous entendez un « sss » qui cisaille votre enregistrement, vous pouvez réduire manuellement son volume. Vous pouvez bien sûr aussi utiliser un de-esser, mais faites très attention car appliquer un de-esser sur l’ensemble d’un fichier audio pourra altérer le son global de votre enregistrement. Il est souvent préférable de l’appliquer sur de courtes sections, soit off-line ou grâce à l’automation. Mon plug-in de de-esser favori est celui vendu par Eiosis (www.eiosis.com) qui sépare astucieusement les “s” du reste de l’audio et permet de les traiter de façon indépendante. Si vous voulez en apprendre plus sur les techniques de de-essing, lisez l’article de Mike Senior dans SOS de mai 2009 (/sos/may09/articles/deessing.htm).

                  Au Final...

                    Félicitations ! Vous devriez avoir maintenant un enregistrement définitif de voix-off. Sauvez une copie finale avec l’extension _master et utilisez cette version pour créer une autre copie au format demandé par le client. Mais ne pensez pas que votre travail soit terminé lorsque vous le remettez à votre producteur…qui n’est autre que vous-même. Développer une activité rentable de voix-off chez soi requiert plus que d’installer et d’équiper un home studio, d’enregistrer et d’éditer des fichiers audio. Il vous reste à concevoir un site web, à lancer une campagne marketing et à obtenir de nouveaux clients, autant d’aspects que nous développerons la prochaine fois.

                    Editer Comme Un Pro du Livre Audio

                      Les éditeurs de voix-off les plus expérimentés sont peut-être ceux qui travaillent sur les livres audio. Nelson Mandela's Favorite African Folktales a remporté le trophée Audies 2010 du Livre Audio de l’Année et inclut les voix de Matt Damon, Whoopi Goldberg, Hugh Jackman, Samuel L Jackson, Scarlett Johansson, Debra Messing, Alan Rickman, Charlize Theron et Forest Whitaker, parmi d’autres. Enregistré à New York, Los Angeles, Londres, Miami et Johannesburg, ce livre audio a été coproduit, edité et mixé par Michele McGonigle de Hachette Audio à New York. J’ai invité Michele à nous parler un peu de ce projet et à offrir ses conseils aux artistes voix-off qui travaillent chez eux :

                      Comment les artistes ont-ils été dirigés lors des sessions du Favorite African Folktales ?
                      « C’était les débuts de Alfre Woodard's dans la direction d’un livre audio et elle a tiré une étonnante performance des comédiens. Le grand défi était de se souvenir que ces histoires étaient narrées dans l’intimité, en face à face la plupart du temps. Ainsi, le comédien devait vraiment s’adresser à un auditeur individuel. Il fallait s’imaginer raconter ces histoires autour d’un feu de camp, comme à l’époque où les contes populaires se transmettaient par la parole. »

                      Combien de prises furent nécessaires pour chaque session ?
                      « Nous avons enregistré deux ou trois prises pour chaque histoire et parmi ces prises, nous avons effectué des reprises pour certaines phrases. Lors de l’édition, j’ai utilisé les prises au meilleur rendu, celles qui incluaient le moins de mouvements corporels ou autres bruits et qui offraient les images les plus convaincantes. Dans certains cas nous avons gardé la première prise. Parfois, après avoir répété une phrase maintes fois, on commence à perdre le sens de la phrase. Idéalement, les reprises doivent se faire depuis le début de la phrase, ce qui facilite grandement l’édition. »

                      Comment décririez-vous votre processus d’édition “type”?
                      “Le processus d’édition pour tous nos projets commence à la réception des sessions ProTools ou des fichiers Wav et des annotations de l’ingénieur du son qui a noté le nombre de prises enregistrées et celles retenues par le directeur artistique. Dans certains cas, j’utilise la fonction Strip Silence et ajoute une couche de bruit de fond de la pièce pour homogénéiser l’assemblage de l’édition. Dans d’autres, j’ajoute ce bruit de fond en avançant dans le fichier audio. Une fois que j’ai eu les prises finales à utiliser dans ce projet, je les ai réécoutées pour faire une analyse détaillée et annoter tout problème de lecture, de prononciation, de bruit etc. Grace à ces notes, j’ai pu discuter avec Alfre sur la façon de résoudre ces problèmes. Dans la mesure où le planning des comédiens ne leur aurait pas permis de revenir faire des corrections, j’ai dû faire preuve de créativité dans l’édition. »

                      Comment un comédien voix-off doit-il se préparer pour une session en home studio?
                      « Lorsque l’on enregistre des voix parlées chez soi, il faut se focaliser sur l’interprétation, maintenir son énergie au plus haut, rester fidèle au texte, prononcer chaque mot correctement et par ailleurs s’astreindre à un planning pour respecter la date-butoir. Préparez-vous bien afin de ne pas perdre de temps à tâtonner en découvrant les mots lors de la prise et souvenez-vous de ne pas vous sur-diriger ou au contraire de vous sous-diriger. Assurez-vous également de bien connaitre votre matériel et votre lieu d’enregistrement. Pouvoir rapidement ajuster le placement du micro, le réglage des niveaux ou autre, vous rendra plus efficace. »

                      Quels conseils donneriez-vous concernant la technique du micro?
                      « Idéalement, le comédien doit être assis et rester dans l’axe du micro, à 30cm environ de celui-ci qui doit être légèrement incliné vers l’arrière et non parallèle au visage. Il faut faire des essais pour déterminer quels angles donnent les meilleurs résultats. Généralement, quelques degrés d’inclinaison fonctionnent très bien, en pointant entre le front et le nez, pas directement vers la bouche. Cela limite les plosives, les bruits de bouche et autres bruits indésirables. Il faut limiter les gestes dans la cabine car le micro ne manquera pas de capter la gesticulation des bras, le frottement des mains, la page qui se tourne, les grondements d’estomac etc. Maintenez les niveaux homogènes en vous rapprochant du micro si la scène nécessite un chuchotement et reculez-vous pour une voix poussée ou un cri. Un narrateur expérimenté est capable d’offrir une interprétation dynamique sans modifier la dynamique du son. »

                      Comment gérez-vous les problèmes de sifflantes et de bruits de bouche?
                      “Il est toujours préférable de régler ces problèmes lors de l’enregistrement. Si un comédien provoque des sifflantes ou divers bruits de bouche (des clics, des pops, des shebam, des wizzzzz…), il existe des moyens de les atténuer voire de les éliminer d’un coup : du jus de pommes vertes, se rincer la bouche avec de l’eau, replacer le micro et le filtre anti-pop et ajuster sa façon de respirer. Si les symptômes persistent, j’enlève autant de ces sons gênants que possible. Souvent je redessine la forme d’onde pour faire disparaitre ces bruits ou j’utilise des plug-ins. Nous utilisons souvent RX2 Advanced d’Izotope qui fonctionne à merveille sur les claquements, les craquements et autre. Lorsque nous ne pouvons vraiment pas éliminer le problème, nous essayons de faire venir à nouveau le comédien pour refaire une prise. »

                      Avez-vous un dernier conseil pour les narrateurs qui travaillent chez eux?
                      « Vous devez pouvoir immerger l’auditeur, l’aider à vous trouver crédible, à faire partie du monde que l’auteur a créé et devenir le guide de ce voyage grâce à votre voix. Travaillez les voix de vos personnages, elles doivent être crédibles et honnêtes. Travaillez vos intonations, votre timing et votre rendu dans des genres différents. Lorsque vous lisez, faites-le à haute voix, même si vous n’enregistrez pas ou si n’êtes pas rémunéré pour ça ! Cela vous aidera pour le flux et les dialogues. Ecoutez d’autres livres audio et analysez ce que vous aimez et ce que vous n’aimez pas puis tenez compte de cette analyse dans vos propres enregistrements. En travaillant en home studio, vous avez beaucoup plus de responsabilités à prendre en compte. Soyez-en conscients, fixez-vous des buts réalisables et connaissez vos imites. Ne promettez jamais de trop ni ne lésez jamais un client. Il y a de nombreux comédiens voix-off, professionnels comme aspirants, alors mettez tous vos atouts sur la table ! »

                      A Propos de l’Auteur

                        Jason Bermingham et sa femme Simone Kliass enregistrent pour des clients du monde entier depuis le confort de leur maison à São Paulo au Brésil.

                        Pour écouter les fichiers Avast et le bruit de fond de la pièce décrits dans cet article, consultez l'article original de Sound On Sound

                        Cet article vous est offert, grâce au fantastique travail (et à la grande patience) de Pascal Besserve qui l'a entièrement traduit depuis l'anglais.

                        Légendes
                        • Photo 1 : (pas de légende)
                        • Photo 2 : En tant que producteur, il est important de connaitre précisément le format final attendu du fichier audio. Malgré certains standards, les attentes de vos clients peuvent varier.
                        • Photo 3 : Pour jouer de la trompette.. euh nan j’déconne là les gars de MacMu !, allez  “Comme sur la photo, respectez une distance bouche- micro équivalente à celle entre votre pouce et votre auriculaire ».
                        • Photo 4 : C’est une bonne idée d’enregistrer en laissant une oreille dégagée du casque car cela aide à donner une interprétation plus naturelle.
                        • Photo 5 : Bien qu’il faille utiliser le moins de traitements possibles, gérer les sifflantes est important et le plug-in de De-esser de Eiosis est bien plus précis que la plupart.
                        • Photo 5 : Prenez soin d’enregistrer du silence à la fin de chaque prise. Ainsi, si une super prise souffre de problèmes de bruits, vous avez de quoi nourrir votre processeur de réduction de bruit. Mais ne vous reposez pas trop sur cette technique.
                        Cet article vous est proposé par MacMusic en collaboration avec Sound On Sound
                        Basé à Cambridge, Angleterre, SoundOnSound publie un magazine sur le son depuis 1985. SOS est reconnu internationalement comme la 'bible' de l'industrie musicale.
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