IZotope RX
7 mars 2008 - par sleepless
Après la distorsion (Trash), le mastering (Ozone), les time stretch et pitch shift (Radius) et autres champs d'application (Spectron, iDrum, PhatMatik Pro, Vinyl...), le développeur iZotope aborde avec RX un autre domaine, celui de la restauration sonore. L'éditeur a créé ses propres algorithmes, afin de proposer une solution alternative aux classiques processing d'Algorithmix ou Noveltech que l'on retrouve sous licence chez de nombreux éditeurs (Merging, CreamWare, Waves, TC Electronic, Sony Oxford, AudioGrabber...), voire aux solutions pro comme NoiseFree ou reNOVAtor d'Algorithmix, NoNoise II de SonicStudio ou les produits Cedar. Le logiciel est actuellement disponible sous forme d'application séparée (les plugs correspondants sont en cours de développement), pour Mac et PC (Windows XP, x64, Vista, Mac OS 10.3.9 et supérieur).
Deux versions sont proposées, RX et RX Advanced (cette dernière disponible seulement chez l'éditeur). La seconde inclut des algorithmes et paramètres supplémentaires (plus de fonctionnalités pour le dithering MBIT+ et le SRC 64 bits, Declipping et Spectral Repair multirésolution, etc.). Nous testerons ici la première version, RX, loin d'être un parent pauvre...
Présentation | |
Machine de test
La fenêtre Spectrogram Settings permet de paramétrer très finement et à sa guise toutes les questions d'affichage (attention au temps de recalcul...), de façon à permettre les sélections indispensables au Spectral Repair, par exemple, tandis qu'on dispose de quelques options globales dans la fenêtre Preferences. Cette dernière servira aussi à autoriser l'application, paramétrer la carte-son et tous les réglages liés ainsi que les raccourcis clavier (avec sauvegarde de présets, bravo). On définit aussi le type d'affichage temporel dans le menu View/Time Format, à choisir parmi heure/minutes/etc., échantillons et Frames (en relation avec le réglage des Preferences).
Tous les outils de sélection, de zoom, les commandes de transport, vumètres, sélection de traitements, historique d'annulation et d'affichage sont directement accessibles depuis l'interface, même si de nombreuses subtilités sont disponibles via les menus ou le clic-droit.
Un manuel très complet, accessible via le navigateur internet, est fourni. Une aide contextuelle est fournie par l'affichage du nom ou de la fonction chaque fois qu'on laisse le pointeur de la souris sur un des réglages ou paramètres de RX.
Il ne reste (presque plus) qu'à importer un fichier audio, et lui appliquer l'un des traitements disponibles (cinq dans RX, sept dans RX Advanced).
Fonctions | |
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RX offre donc cinq "modules" : Declipper, Declicker, Hum Removal, Denoiser et Spectral Repair. Chacun dispose de son propre set de réglages, apparaissant dans une fenêtre flottante (avec réglage de la transparence, presque la signature graphique d'iZotope...). Chaque module permet la préécoute, la comparaison entre plusieurs réglages (et non pas à un seul, bien vu) et au traitement par lots de fichiers. Plusieurs présets par module seront de bonnes bases de départ, mais on peut aussi commencer de zéro.
RX peut ouvrir les fichiers Wav, Broadcast Wav, AIFF, MP3 et WMA, mais seulement mono ou stéréo. La fenêtre d'erreur dit "Currently only mono etc." Simple truc marketing ou promesse d'une future gestion du multicanal ?
RX peut aussi directement importer l'audio d'une vidéo, ce qui évite l'étape d'extraction dans un logiciel tierce partie (formats reconnus : AVI, Mpeg, WMV, DV, Mov et M4V). La sauvegarde après traitement s'effectue en Wave ou AIFF, avec plusieurs options de résolution et dithering.
Passons donc au premier de ces traitements.
Declipper | |
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Rien de plus désagréable qu'un clipping numérique résultant d'une saturation des convertisseurs due à un signal entrant excessif. S'il est parfois plus rapide de refaire la prise ayant saturé, il est des cas où l'on ne peut malheureusement plus revenir en arrière. Il faut alors essayer de "réparer" les saturations soit avec EQ et filtres soit en redessinant la forme d'onde dans un éditeur, de façon à transformer les "beaux" carrés dus à la saturation en courbe. Dans un cas comme dans l'autre la procédure est longue et ne garantit pas un résultat à la hauteur du temps passé.
RX propose d'automatiser ces réparations, grâce au module Declipper. Deux types de traitements sont offerts, Single- et Multi-Band. Le choix de l'un ou l'autre dépendra du type de matériau ; pas d'indications précises de la part de l'éditeur, qui recommande de procéder à des essais. Attention au mode Multi qui, s'il est mal paramétré, rajoutera des artefacts assez désagréables.
Les réglages sont identiques, avec juste le nombre de bandes à déterminer dans le cas du Multi (de 8 à 128). On commence par sélectionner une partie de l'audio qui a saturé, puis on clique sur Compute, qui fera apparaître le seuil de clipping. On règle ensuite ce seuil (Clipping Threshold) à partir duquel le module entre en action. Un Makeup Gain permet d'ajuster le niveau de sortie après traitement. On choisit pour finir le niveau de qualité du traitement appliqué, Low, Medium ou High, du plus rapide au plus lent. Rien de bien complexe en somme, et les résultats sont assez impressionnants.
On commence par un son façon DX Rhodes, avant :
Et après.
Les transitoires sont respectées et le fichier devient utilisable. Petite précision : tous les fichiers d'exemple ont été réglés de façon à avoir un volume à peu près égal. Dans notre exemple, le fichier après traitement devrait sonner 9,6 dB en dessous du fichier non traité.
Autre type de son, avec des tenues, donc des pics moins clairement identifiables et se reproduisant en dehors des transitoires d'attaque. Encore une fois, l'exemple est exagéré, dans une situation normale, la prise aurait été refaite.
Là aussi, le résultat parle de lui-même.
Declicker | |
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Le Declicker sera très utile lors de nettoyage après numérisation de vinyles ou de clics numériques parfois rencontrés (problèmes d'horloge, de buffers, etc.). Deux modes sont disponibles : Automatic et Manual. Le premier est idéal pour traiter un fichier en une seule passe, le second permettra de travailler au coup par coup sur des éléments ignorés par le mode Automatic, ou quand les clics et pops sont trop proches d'éléments importants, et que leur élimination automatique crée des problèmes quant à l'intégrité sonore.
Le mode Automatic dispose de trois réglages : le niveau de qualité du traitement (Quality, High, Med ou Low), la sensibilité et la largeur des clics en ms. On peut commencer par ce dernier réglage, en sélectionnant un des clics et en vérifiant sa longueur dans les écrans, puis ajuster la sensibilité. Une règle : il vaut mieux procéder en plusieurs passages qu'à tout prix vouloir tout enlever d'un coup. Ne pas hésiter à utiliser la fonction Preview en cochant la case Output Clicks Only, qui permet d'entendre ce qui sera enlevé (fonction de monitoring aussi disponible dans d'autres modules).
Le mode Manual ne comprend qu'un seul réglage, Interpolation Order, qui détermine le nombre de samples pris autour du clic afin de reconstruire le fichier.
Prenons un premier exemple : l'intro de "Lungs" tiré de Timeless premier album de John Abercombrie chez ECM (1974), accompagné par Jack DeJohnette et Jan Hammer, un vinyle que j'ai usé jusqu'à la corde...
On va régler le mode Automatic pour éliminer les craquements du début, que l'on visualise facilement par le spectrogramme et la forme d'onde.
Une passe suffit, le résultat est impeccable.
Plus complexe, toujours tiré du même titre, le passage central comprend plusieurs types de clics et pops, mêlés à la charley de DeJohnette.
En paramétrant finement le mode Automatic, on peut presque tout enlever, sans perdre d'informations sur les instruments.
Hum Removal | |
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Autre classique de la restauration sonore, le Hum Removal qui permet d'enlever les fréquences 50 ou 60 Hz ainsi que leurs harmoniques, qui peuvent être générées par divers équipements électriques. On dispose donc d'une sélection de la fréquence (50 Hz, 60 Hz ou mode Free), d'une sélection du nombre d'harmoniques (de 1 à 8), d'options de chaînage pour appliquer des réglages proportionnels et de réglages indépendants des pentes de filtrage pour les harmoniques paires et impaires. Filtres à phase linéaire (actifs seulement en mode Free), Hi-Pass et Lo-Pass complètent l'arsenal. Encore une fois, la fonction de monitoring Output Hum Only permettra un travail en finesse, évitant de (trop) dégrader le signal original.
Rien de particulier à signaler, le module fait exactement ce qu'il est sensé faire. Et le fait bien. Ce qui le distingue de la concurrence est la profusion de réglages et son ergonomie. Voici le résultat sur notre premier fichier.
Denoiser | |
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Censé être l'outil miracle d'une panoplie dédiée à la restauration, le Denoiser fonctionne généralement par "prise d'empreinte" d'un bruit, puis soustraction spectrale. Chaque éditeur concocte sa propre cuisine à base de gates, filtres FIR-FFT, wavelet thresholding, convolution, etc. iZotope propose sa technologie, sans donner de détails particuliers sur les moyens employés. Peu importe, puisque l'interface utilisateur reste compréhensible, et là est le principal.
Les artefacts les plus courants après traitement sont des problèmes de phase, d'effets de filtrage en peigne, de bruits ajoutés (donnant une sensation aquatique ou de tube) ou de modulation du bruit de fond. Il est toujours difficile de totalement enlever les bruits sans "abîmer" un peu le fichier, et l'on doit souvent effectuer un compromis entre nettoyage total et respect de l'intelligibilité et de la musicalité, en tout cas avec les suites que j'ai pu précédemment pratiquer, les Waves Restoration, TC Electronic Restoration et Sound Soap Pro. À ce propos, un test des récents WaveArts Master Restoration est dans les tuyaux.
Denoiser fonctionne suivant deux modes, Simple et Advanced. Un bouton Train s'ajoute à Preview, Apply, Batch et Compare. Il permet de prendre l'empreinte d'un passage où les bruits de fond à supprimer sont clairement identifiables. RX peut sélectionner de lui-même le passage le plus significatif si l'on choisit AutoTrain. Trois algorithmes de traitement sont disponibles, A qui est en temps réel, B et C qui sont Offline, C étant le plus performant des trois. Donc le plus lent : 15 minutes de calculs pour un fichier d'une minute...
Le mode Simple est très... simple. Un réglage de réduction de bruit (de 0 à 40 dB) et un Smoothing, qui permet de réduire les artefacts ajoutés par la suppression du bruit. Le mode Advanced offre logiquement plus de réglages : si l'on retrouve l'équivalent de Smoothing (Musical Noise), la réduction de bruit est divisée en deux composantes, l'une pour le bruit Tonal (une ou plusieurs fréquences constantes) l'autre pour le bruit Broadband (large bande). Chacune bénéficie de son réglage de seuil et de réduction. Le tout est complété par Residual Whitening, qui permet de forcer la courbe de réduction en suivant un réglage proche du bruit blanc.
Reprenons notre exemple, prenons l'empreinte du bruit qui est présente au tout début, ajustons les divers réglages de seuil et de réduction en vérifiant ce qui est enlevé (case Output Noise Only) :
Le bruit est parti.
Autre exemple ici d'une voix reportage, avec un bruit de fond très présent.
Une prise d'empreinte au départ, quelques ajustements et voilà :
Spectral Repair | |
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Dernier module, Spectral Repair, plutôt inattendu, puisqu'on ne rencontre ce genre d'outil que sur les stations ou software haut de gamme (et donc très chers...).
Basé sur l'interprétation et l'interpolation des données audio, il permet d'enlever, atténuer ou remplacer des sons ou de réparer des "trous" dans l'enregistrement grâce à des fonctions de resynthèse.
Quatre modes Attenuate, Replace, Pattern et Partials+Noise présentent des réglages communs. Ainsi de Num Bands, qui permet de sélectionner le nombre de fréquences utilisées pour l'interpolation (de 8 à 4096). Ou Before/after Weighting qui renforce l'audio avant et/ou après le passage traité. Ou encore Surrounding Region Length, qui sélectionne quelle longueur de la portion de signal entourant la partie à traiter sera utilisée pour l'interpolation (pas d'unité de valeur précisée, samples, millisecondes ?). Uniquement disponible dans Attenuate, Strenght règle le taux d'atténuation de la partie sélectionnée. De même, Harmonics Sensitivity est exclusif à Partials+Noise et ajuste le niveau de détection et de reconstruction d'harmoniques.
Reprenons notre voix : les bruits que l'on entend sont dus à l'entrechoquement des boules d'un gros collier, collier qui aurait dû être retiré au moment du tournage. On va essayer d'en enlever le maximum possible, ce qui est assez compliqué puisque les fréquences se chevauchent. La sélection montre leur emplacement.
On va donc procéder par étapes successives avec le Spectral Repair, en utilisant les modes Attenuate, là où les fréquences peuvent être baissées sans dommage sur celles avoisinantes et Replace, là où la continuité est possible. On passe en mode d'affichage Reassignement pour bien afficher les détails. 128 ou 256 bandes ont été ici plus efficaces que 4098. Voilà le résultat :
C'est beaucoup mieux, surtout si on rajoute la musique de fond prévue ou que l'on peut prévoir pour masquer certains défauts (la phrase n'est pas complète, bien sûr).
Autre exemple, tiré du mythique triple vinyle Consequences de Godley & Creme (1977), "Five O'Clock In the Morning", avec une intro piano et quelques petits bruits d'animaux dans le fond, des changements de dynamique, suivi par des nappes vocales.
On nettoie d'abord les clics, Hum et bruits de fond. On remarque la très bonne tenue au Denoiser du passage piano du ... piano. En général, c'est là que les concurrents se font "entendre", avec l'effet de filtrage en peigne.
Pour un résultat optimal on peut aussi traiter séparément les passages puis les assembler dans un éditeur. Risqué, long mais plus pointu. Peut-être la version plug-in permettra-t-elle les automations.
Maintenant, il reste des scratches, trop longs pour être enlevés au Declicker et trop riches en harmoniques pour être enlevés au Denoiser, sous peine de couper beaucoup de signal utile. On va donc procéder de la même façon que pour la voix, sans hésiter à traiter gauche et droite séparées, grâce aux flèches d'activation sur la gauche. Ici, la procédure la plus efficace a été d'utiliser l'atténuateur au coup par coup, avec 256 bandes, Strength à 2 et les réglages Surrounding et Before... au minimum, puis Replace pour rattraper les dfférences, en réglant Surrounding Region Length sur une valeur élevée. Comme la procédure est longue (46 sélections et traitements pour ce fichier), je n'ai travaillé que sur un extrait, mais on entend bien les possibilités du logiciel.
L'image au-dessus montre le fichier avant traitement, celle plus bas le fichier après traitement. On peut discerner les zones ayant subi une atténuation, mais on ne voit pratiquement pas les actions de Replace.
Même si un ou deux passages auraient demandé un peu plus d'attention de ma part, je ne suis jamais parvenu à un résultat aussi propre avec les solutions à ma disposition (Waves, TC, Sound Soap Pro et autres).
En conclusion | |
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Pas besoin de longues phrases pour conclure. RX m'a emballé au point que je ne prévois plus d'utiliser ses concurrents (sous réserve du test de WaveArts), à l'exception peut-être du Dethump et Descratch de la suite TC. Les modules Declipper et Spectral Repair qui manquent cruellement à la panoplie des suites existantes (hors grosse artillerie) sont absolument étonnants. Attention, tout ceci demande quand même du travail. D'abord parce que chaque cas est unique. Ensuite, quand les fréquences sont bien distinctes, pas de problème tout se peut faire en quelques passes. Mais quand tout se mélange, c'est une autre histoire. Donc du temps et de la patience, ce qu'on n'a pas toujours, il est vrai.
Traitements de vidéo, films, musique, speaks, numérisation de vinyles, cassettes et compagnie, rien ne semble impossible et RX délivre dans tous les cas un excellent résultat. Rien n'empêche ensuite d'appliquer compression et EQ, ou un SPL Transient Designer pour remonter certaines transitoires et embellir le tout. Une machine puissante sera un plus, notamment pour la gestion de l'affichage du spectrogramme, dès lors que l'on choisit des options de grande précision. Mais, en dehors de quelques rafraîchissements du spectrogramme plutôt longs, RX a tourné parfaitement sur mon G5, sans aucun bug ni plantage, en effectuant parfaitement son travail. Je n'ose imaginer ce que doit être la version Advanced, vu la qualité de celle ici testée...
sleepless
Prix catalogue :
iZotope RX : 259 euros TTC
iZotope RX est un produit iZotope, distribué en France par M-Audio France.
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