Ableton Live Suite
29 févr. 2008
C'est à peine croyable, Live 7 est déjà là. Le soft miracle de la société berlinoise Ableton, à la fois tracker et séquenceur, n'en finit pas d'évoluer et on avait à peine eu le temps de se faire à Live 6 et ses très nombreuses nouveautés que déjà son successeur fait surface, bardé comme il se doit d'améliorations et d'imprévus. Comme chaque année nous essaierons de voir, outre les nouveautés, si Live 7 vient combler les manques de la version précédente, ce qu'il apporte et ce qu'il retire à notre jeu sur scène comme en studio.
Présentation | |
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Avec cette version l'éditeur allemand introduit Ableton Suite, un pack comprenant Live 7 bien sûr mais également une large collection d'instruments autrement payants : les classiques Operator et Sampler ainsi que trois nouveaux venus : Electric, Tension et Analog, transfuges de chez AAS.
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Par ailleurs 3 collections de samples également payantes (Drum Machines, Session Drums et Essential Collection 2) sont également incluses en collaboration avec SONiVOX et Chocolate Audio, dont seule la première est présente dans la version download. C'est cette dernière que nous avons testée pour une vision aussi large que possible des nouvelles possibilités. Le design reste le même ici, ainsi que pratiquement tous les menus et préférences, ce qui nous ferait nous demander si l'on n'a pas affaire à Live 6.1. Impression à confirmer ou infirmer après avoir installé les Live Packs disponibles en plus ou moins grand nombre selon notre achat. C'est parti !
Un nouveau moteur audio ? | |
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Mais procédons par ordre, avec le son. Nombreux sont ceux qui se plaignent du son de Live, qui serait mou et peu transparent – ce qui n'a jusque-là pas empêché Murcof ou Björk de l'utiliser sur scène. Il est vrai que Live colore le son à sa manière, et que les algorithmes de Time Stretch commencent à dater. Ceux qui attendaient un nouveau moteur audio en seront hélas pour leur frais, et pourtant… Dorénavant le mixage se fait en 64 bits à tous les points, et l'algorithme de conversion de la fréquence d'échantillonnage dans les clips audio (bouton Haute Qualité) a été amélioré. Enfin on trouve le POW-r Dithering (entre autres) dans le nouveau menu Export Audio / Vidéo.
Mais qu'en est-il objectivement et subjectivement ? Eh bien un même bounce réalisé en 24/48 sans dither dans Live 6 et Live 7 montre en effet des différences notables lorsqu'on compare les deux fichiers dans un éditeur audio, mais de là à dire que le son a changé… Un poil plus précis dans le haut du spectre, mais la couleur reste la même. Du coup ceux qui n'aimaient pas ne changeront hélas pas d'avis, et les autres aimeront toujours autant. Quant à l'algorithme de time stretch Complex, qui n'est autre que l'Elastique Efficient de Zplane (société allemande basée elle aussi à Berlin), il n'a pas évolué. Pourquoi n'aurions-nous pas droit à la version Elastique Pro, qui tient compte entre autres des transitoires ? Fruity Loops (entre autres) en est équipé, alors on aurait forcément aimé le trouver ici aussi...
Au niveau des effets, peu de grandes nouveautés mais quelques louables évolutions, comme un paramètre Haute Qualité censé réduire les effets d'aliasing sur EQ Eight, Operator, Dynamic Tube et Saturator, ainsi qu'un circuit Sidechain qui manquait depuis toujours pour l'Auto Filter, le Gate et le Compresseur. Ce dernier bénéficie d'une notable amélioration puisqu'il intègre totalement les anciens Compressor I et II plus un nouveau mode « analogique » à réinjection, de nouvelles options d'égalisation et un mode crête amélioré. Le ratio va jusqu'à l'infini, ce qui transformera notre plug en limiteur, et un modèle Opto vient s'ajouter aux anciens Peak et RMS pour notre plus grande joie. Le son tient la route, et les possibilités en sont largement démultipliées. Mais au fond le seul effet véritablement nouveau, et bien qu'il ne produise pas de son, est Spectrum, un analyseur de spectre FFT en temps réel, joli et pouvant se visualiser en grand par double clic. Dommage par contre qu'on ne puisse le geler pour analyser une forme d'onde à tête reposée, et plus encore qu'on ne puisse pas faire de zoom sur les fréquences de son choix… A améliorer donc.
Signalons par ailleurs une nouvelle fonction extrêmement pratique : on trouve dans Live 7 un nouveau module External Audio Effect très bien pensé, qui permet comme son nom l'indique d'utiliser un processeur d'effets externe en insert sur une piste. Ce n'est certes pas révolutionnaire, mais on peut y jouer sur le niveau en entrée et en sortie d'effet, sur la phase et sur la latence induite (en millisecondes ou en samples) afin de compenser d'éventuels décalages dus au FireWire, à l'USB ou simplement aux buffers de la carte son. Et puis cela comble un des vides de Live jusqu'alors : on obtient ainsi seulement maintenant la possibilité d'utiliser des effets externes en Send/Return avec envois pour chaque piste, ce que la notice de Live ne signale même pas... pourtant il était temps ! Bien entendu, dès qu'on utilise ce module l'export audio se fait en temps réel. Idem pour le gel de pistes. Normal, mais il fallait y penser.
Notons qu'un équivalent tout aussi bien vu existe en MIDI avec le module External Instrument, un combiné qui envoie du MIDI vers un synthé externe et reçoit de l'audio de ce même synthé en temps réel, avec gain et compensation de latence associés.
Midi et instruments | |
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Au rayon Midi (toujours pas d'intégration OSC hélas) on trouve enfin la possibilité de modifier les signatures rythmiques en cours d'arrangement. Mieux, Live 7 permet de positionner ces changements réellement où on le souhaite (pas nécessairement sur le premier temps donc), introduisant par là même le concept de mesures fragmentaires. A noter, on peut aussi changer de signature dans l'écran Session via le nom de scène, tout comme on le faisait déjà pour le tempo. Intéressant.
Plus fracassant, Live 7 introduit les Racks de batterie, qui font logiquement suite aux racks d'effets Midi, d'effets audio et d'instruments. Assez proches de ces derniers, ils offrent jusqu'à 128 pads et peuvent en outre contenir jusqu'à 6 chaînes de retours d'effets audio avec envois séparés pour chaque élément du kit. Le principe en est le suivant : à chaque pad peuvent être affectés une ou plusieurs chaînes du rack, et à chaque chaîne correspondent au choix des racks, effets Midi, effets audio et instruments. Un fichier audio déposé sur un pad créera un Simpler contenant ce même fichier audio. Le jeu sur surface de contrôle à pads est prévu bien sûr, et les possibilités explosent avec les sends/returns et un bon paquet d'options associées. L'exemple que nous en avons eu avec Drum Machines, un cocktail de racks de batterie mettant en valeur 10 boîtes à rythmes old school classiques, en illustre bien les capacités autant que la complexité de mise en œuvre pour un novice. Les power users, probablement peu nombreux, y verront de quoi remplir leurs nuits ! Pour les autres, restent les nombreux et beaux présets…
Pour compléter le tout le découpage et la prise en charge des fichiers REX sont maintenant officiels, mais ça va plus loin : en gros on peut découper n'importe quel fichier audio en régions puis assigner automatiquement ces régions à autant de Simplers dans un rack de batterie, ou mieux à un Sampler si on le possède.
Le tout est joué par un clip Midi créé automatiquement, et permettra de restructurer complètement une phrase tout en retravaillant le son de chacun de ses éléments si on le désire, pour un résultat franchement époustouflant façon Devine Machine (en moins riche toutefois). Hélas les 8 macro-commandes, censées simplifier la tâche de l'utilisateur, risquent de ne pas suffire tant la liste d'éléments contrôlables en devient énorme. A noter, afin de visualiser un peu mieux l'ensemble toute piste contenant un rack peut être déployée dans la fenêtre Session. Impressionnant.
Mais les grandes nouveautés de cette version 7 résident dans les nouveaux instruments que sont Tension, Electric et Analog, développés en partenariat avec Applied Acoustic Systems (AAS). Enfin bon, nouveaux est un grand mot puisque ces 3 synthés sont ni plus ni moins des versions intégrées et payantes respectivement de String Studio VS-1, Lounge Lizard EP-3 et Ultra Analog Session, par ailleurs tous trois remarquables. Leur intérêt principal réside dans leur intégration au sein de racks d'instruments avec effets MIDI et audio façon Logic, ce que les nombreux presets très musicaux illustrent bien. Sans entrer dans le détail, puisque ces synthés à modélisation physique ont tous déjà été testés par ailleurs, Tension est un émulateur d'instruments à corde utilisant marteaux, médiator et archet, différents réglages de cordes, de tables d'harmonie, de sourdines, vibratos et autres éléments plus filtre, enveloppe et LFO. De loin le plus complexe des trois, il offre un panel de sons extraordinaire bien que forcément typés.
Electric est un émulateur de pianos électriques de type Fender Rhodes ou Würlitzer très efficace, auxquels le Saturator de Live offre de grands services !
Enfin Analog est un synthé analogique soustractif très puissant doté de 2 oscillateurs, 2 filtres, 2 enveloppes et 2 LFO, capable de douceur autant que d'agressivité. Redoutable en session, l'ensemble fournit un trio certes peu nouveau si l'on prend un peu de recul, mais remarquable de qualité malgré sa gourmandise en ressources CPU. A noter également, l'Essential Instrument Collection passe en version 2 (non testée), et les racks de batterie sont à l'honneur avec Session Drums (non testé) et Drum Machines, deux banques de samples alléchantes et bien implémentées. Dommage que tout cela soit en option payante.
Vidéo et ergonomie | |
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Le principal reproche qu'on pourrait faire à la section vidéo de Live est qu'elle ne tient compte que des fichiers QuickTime… Sur le papier ! En effet de simples expérimentations nous ont permis de vérifier que le mp4 ainsi que les fichiers avi passent sans problème. Pas de mpeg-2 par contre, mais quelle agréable surprise ! Par ailleurs le NTSC, bien qu'il ne nous concerne que peu, est dorénavant supporté dans les Time Codes et un export vidéo est maintenant possible selon les encodeurs disponibles (avi, QuickTime, DV et autres).
Côté ergonomie on trouve un nouveau contrôle temporaire du tempo pour un calage à la feuille avec d'autres machines sans synchro Midi, et des réglages grossier et fin du tempo lui-même. Les enveloppes d'automation multiples font enfin leur apparition et le bouton Edit a été remis dans l'éditeur de clips audio pour travailler le son dans Sound Forge ou Peak par exemple. Absent depuis deux versions, il nous manquait… Merci. A noter également on peut désormais éditer des textes d'infos par piste, scène, clip, rack ou effet. Le texte se substitue alors à l'aide en ligne, en bas à gauche de l'écran. Ah si, un défaut à signaler tout de même dans cette catégorie : il n'est parfois pas pratique du tout de devoir systématiquement utiliser le Midi Learn pour automatiser les fonctions du logiciel, notamment quand on a une liste complète à rentrer ou des corrections à effectuer. Espérons que cela évolue dans un prochain update.
Live 7.02 | |
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Le tout dernier update, que nous avons testé, ne corrige aucun des manques ou défauts de Live que nous avons pu signaler dans cet article. Toutefois il comporte tant de corrections de bugs et de petites améliorations que nous nous devions d'en citer quelques unes.
On y trouvera donc le support des surfaces de contrôle Midi Faderfox LV1, LX1, LV2, LX2, LC2 & LD2, Korg ZERO8 ainsi que le support des Korg KONTROL49 et microKONTROL pour les Drum Racks. Les fichiers Recycle 1 sont également supportés, ce qui ne fera pas de mal. Dans la série des correctifs on signalera parmi tant d'autres que geler des pistes contenant Analog, Electric ou Tension ne fonctionnait pas bien, que les exports vidéo dont l'audio était en 24 ou 32 bits étaient systématiquement saturés (ce que nous avons pu vérifier par erreur !) , ou encore qu'un changement de taille de buffers donnait des compensations de latence souvent incorrectes. Bref cet update est très franchement recommandé pour tous, et spécialement si vous avez un concert sous peu.
Conclusion | |
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Au fond, ce Live 7 mise sur la qualité de la version précédente, et ne remet aucunement en cause ses propres principes : l'ajouts de synthés, de banques d'échantillons et de nombreux détails à vocation essentiellement ergonomique en font un super Live 6, ou plutôt un gros Live 6.1 aux multiples options payantes, et dont le CPU est d'autant plus sollicité (bien que son utilisation paraisse plus stable qu'avant à l'usage).
Bref l'ensemble est à la fois rassurant et décevant : certes tous ces ajouts sont bienvenus et on est content de ne pas avoir à réapprendre d'un bout à l'autre les fonctions de base, mais une amélioration réelle du moteur audio et des algorithmes de Pitch Shift/Time Stretch commence à se faire nécessaire, tout comme la possibilité d'enregistrer l'automation dans les clips ou un débrayage piste par piste en mode Session, au lieu de l'unique bouton de Retour à l'Arrangement. Sans parler de l'absence de mode multi-écran pour afficher Live sur deux moniteurs ou plus. D'anciens détails dont l'attente de résolution devient un peu lourde au fil des ans et des nouvelles versions. Mais au final Live 7 est beau et fonctionne très bien malgré la complexification qu'il offre. Ne boudons donc pas notre plaisir !
-i snor
Prix catalogue :
Ableton suite : 799 € (Box), 649 € (Download)
Live 7 : 499 € (Box), 419 € (Download),
Analog / Electric / Tension / Operator : 129 € l'un, Sampler : 169 €, Drum Machines : 69 €, Essential Instrument Collection 1 & 2 : 99 € l'un, Session Drums : 149 €.
Upgrades à la carte, détaillés sur le site d'Ableton.
Ableton suite et Ableton Live 7 sont des produits Ableton distribués en France par SCV Audio
Cet article vous est proposé par MacMusic en collaboration avec Keyboards-Recording
Publication de la société Studio Presse, Keyboards Recording est le magazine francophone de référence sur le Home studio et les claviers.
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