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ProjectMix I/O

15 janv. 2007
Le studio facile ! L'acquisition de M-Audio par Digidesign nous procure de bonnes surprises, telle cette interface audionumérique FireWire avec surface de contrôle dédiée possédant quelques airs de famille avec l'interface Digi 002. Pas de doute, M-Audio vise les studios personnels cossus avec cette interface FireWire et surface de contrôle qui constitue son haut de gamme actuel. Sous forme de console assez compacte, la ProjectMix I/O comprend un grand nombre de commandes, notamment des encodeurs rotatifs sans fin et des curseurs motorisés, au nombre de neuf. Un écran LCD rétroéclairé ambre est complété d'un afficheur à Leds rouges, indiquant les configurations de certains séquenceurs...
Installation
    Dans un souci d'ergonomie, cette pièce importante du home-studio doit s'installer sous l'écran de l'ordinateur hôte, auquel elle est reliée via son unique port FireWire. Cette disposition aide grandement l'exploitation, surtout lorsque la manipulation des encodeurs entraîne des mouvements de potentiomètres virtuels dans le séquenceur. De plus, le bandeau LCD multifonction de la ProjectMix I/O améliore la liaison logique et visuelle entre l'interface et l'écran de l'ordinateur. Il faut donc prévoir suffisamment de place, sans oublier une place pour le clavier et la souris, bien relayés mais pas totalement remplacés par la surface de contrôle. Le CD-Rom fourni avec la M-Audio n'est pas utile puisque l'on peut télécharger directement sur le site la toute dernière version des pilotes (1.7.1 au moment du test). Ici, deux petites remarques : sur PC, on constate que la ProjectMix I/O ne fonctionne que sous Windows XP, muni au moins du pack SP1, le SP2 étant toutefois fortement recommandé. Sous Mac, depuis OS 10.4.5, M-Audio propose tant sa version Power PC (pour les G4 et G5) que celle, baptisée Universal Binary, s'adressant aux Mac équipés de processeurs Intel. Le dossier téléchargé comprend l'installeur et le désinstalleur de la console virtuelle (figure 1) agissant sur les niveaux d'entrée, de sortie et du monitoring de la station de travail, au moyen de commandes basiques de niveau, mute, assignation de groupes (1 & 2 ou 3 & 4) et de balance.



    Cette interface affiche aussi des niveaux au moyen de bargraphes avec mémoire des crêtes de modulation, et mémorise des agencements particuliers, le cas échéant (Settings/Load/Save/Reset sur la droite de la fenêtre). Cette dernière s'ouvre de plusieurs façons, en ne laissant visible, par exemple, que les bargraphes virtuels. Elle comprend aussi plusieurs onglets, de ceux que l'on retrouve habituellement sur toutes les consoles virtuelles des produits M-Audio : le petit mélangeur, les sorties, la configuration hardware et la version du pilote...
    Liaisons

      La ProjectMix I/O comprend huit entrées micro/ligne, respectivement sur XLR et sur jack TRS (figure 2), ces derniers ne fonctionnant pas en coupure de la liaison XLR puisqu'il faut actionner un poussoir pour passer de micro à ligne.



      La première entrée se dote également de la possibilité de raccorder un instrument à haute impédance, telle une guitare ou une basse passive (figure 3). Une seule entrée à ce format paraît un peu juste, d'autant que le nombre d'entrées disponibles permettait l'ajout d'au moins une autre entrée à haute impédance. Puisque l'unique entrée d'instrument disponible se situe dans l'épaisseur du reposoir, à l'avant de la surface de contrôle, les concepteurs auraient pu en installer deux, répondant ainsi aux deux sorties de casques sur la droite. Dommage... Autre simplification un peu légère : la commutation globale de l'alimentation fantôme sur les huit entrées. On aurait pu espérer une sélection individuelle par voie, ou à la rigueur une répartition en deux groupes de quatre... Puisque nous en sommes aux détails perfectibles, on notera l'absence de sortie de monitoring dédiée. Par défaut, cette fonction est assignée aux sorties analogiques 1 et 2, si bien qu'il n'en reste que deux de libres à ce format. Les liaisons audionumériques se partagent entre une entrée sortie S/PDIF et une entrée sortie ADAT, toutes deux compatibles 96 kHz sous 24 bits. Pour une interface à un peu moins de 1500 euros, on aurait également espéré la gestion de l'AES, mais ce format a été écarté du projet. On trouve pourtant une option, plutôt moins courante puisqu'il s'agit d'une entrée/sortie de WordClock, dotée de ses deux embases BNC (figure 4) sur le panneau arrière de la M-Audio. Une paire d'embases MIDI complète le tout.



      On comprend que les concepteurs veillent à sortir l'appareil le plus complet possible en restant compétitif. On s'étonnera aussi de l'alimentation externe asymétrique à découpage (9 V sous 3,5 A) qui nécessite une autre alimentation de même technologie à l'intérieur du coffret, afin de générer les tensions symétriques des étages audio, celles dévolues à la conversion, celle de la logique, celle des moteurs et des afficheurs...
      Mutlizone
        La surface de contrôle se subdivise en plusieurs zones clairement définies par la sérigraphie.



        Les seuls vrais potentiomètres travaillant dans le domaine analogique se situent en haut de l'interface, à proximité des entrées dont ils ajustent le gain avant la numérisation. C'est également dans ce périmètre que l'on trouve les inverseurs micro/ ligne, l'unique ligne/ instrument et les deux Leds par voie, l'une s'illuminant en présence de modulation, l'autre en cas de surcharge de l'analogique. Au-dessous, l'écran change d'affichage en fonction de l'action engagée : on peut nommer des voies, des paramètres dont on peut lire les valeurs et transformer la ligne inférieure en bargraphes (dix segments de 10 pixels chacun par voie), une excellente idée ! Chaque voie virtuelle dispose d'un encodeur qui va servir à changer de configuration ou éditer des paramètres.
        Commandes, molettes, jogs
          Plus bas, on s'aperçoit que chaque « tranche » comprend sa propre commande d'armement de l'enregistrement, ainsi qu'un sélecteur pour éditer les configurations de la voie considérée auxquels viennent s'ajouter une écoute solo et un mute. Viennent ensuite les faders à longue course (110 mm), aux curseurs tactiles, comme sur les grosses consoles à automation.



          L'encodage de la course sur 10 bits est précis puisqu'une telle résolution sur 1024 pas équivaut à environ un dixième de millimètre de déplacement physique... Un neuvième fader, identique à ceux des entrées, détermine par exemple le niveau général de la station de travail. La partie de droite rassemble les commandes de volume de casque (deux encodeurs, un par sortie) ainsi qu'un inverseur A/B pour effectuer des comparaisons. À côté, un dernier encodeur agit sur le niveau d'écoute général. Un peu plus bas, une commande de flip échange les fonctions entre les encodeurs rotatifs et les faders. Cela peut être très utile pour ajuster facilement le quadruple égaliseur paramétrique d'une tranche de Cubase SX3, par exemple : les paramètres s'affichent sur le bandeau LCD de la ProjectMix I/O et on voit en même temps les changements s'opérer sur le monitor vidéo de l'ordinateur accueillant le séquenceur. Hormis les boutons Shift et Alt qui fonctionnent en combinaison avec d'autres touches, la surface de contrôle propose d'autres commandes spécifiques, telles que le panoramique de voie, la configuration des auxiliaires, l'appel de plug-in... Le Channel Info indique, lorsque cettefonction est implémentée dans le séquenceur, la configuration de la voie/piste.

          La fonction MTR (abréviation de « Meter ») affiche de petits bargraphes très lisibles sur la ligne inférieure de l'afficheur principal. La surface possède aussi une touche de set-up, afin de définir les fonctions utilitaires telles que l'intensité de l'affichage, par exemple. Une autre touche fait basculer les commandes en MIDI. Suivent les commandes d'édition avec le Nudge, le Locator, la commande de répétition de lecture de boucle du séquenceur(Loop),l'enclenchement du Punch In/Punch Out après avoir définilesmarqueurs au moyen de la touche Set. Au-dessous, on remarque les touches de défilement à rappel lumineux protégées par une commande de verrouillage, afin d'éviter toute fausse manoeuvre. La partie inférieure droite comprend une molette de type jog munie d'un scrub pour l'écoute en cue avant une éventuelle édition des pistes. Enfin, les fonctions de défilement de pages et de zoom dans les fenêtres du séquenceur seront facilitées grâce à des touches dédiées.
          Multiséquenceur
            On peut dire que l'éventail choisi par M-Audio est assez large : comme séquenceur spécifiquement compatible Windows, le Sonar est éligible. Du côté des spécifiques à Mac OS X, nous avons le choix entre Digital Performer et les deux Logic. Enfin, les séquenceurs communs aux deux plates-formes ne manquent pas : Pro Tools M-Powered, bien sûr, mais aussi Cubase et Live. J'ai pu essayer presque tous les séquenceurs éligibles sous Mac, à l'exception de Digital Performer que je ne possède pas. La configuration de la surface de contrôle, clairement expliquée dans la notice, ne posera aucun problè-me au débutant, et encore moins à l'amateur confirmé. Sous Cubase et aussi sous Logic, par exemple, elle se comporte comme une Mackie Control, et la navigation entre les pages du séquenceur depuis la ProjectMix I/O est chose aisée bien que, sous Cubase, il faille sélectionner la Mackie Control dans une liste,



            alors que sous Logic, et même sous Live, la M-Audio est détectée automatiquement (figure 8) ! Comme cette dernière adopte le comportement Mackie, j'ai tenté de l'exploiter avec le séquenceur Mackie Traktion : peine perdue, même en créant une nouvelle interface de commande dans le menu adéquat du séquenceur, cela ne fonctionne pas... Comme la ProjectMix est aussi compatible avec Logic (il suffit de la mettre sous tension en pressant simultanément la touche AUX 3, contre AUX 2 pour Cubase), un bref essai avec le petit frère Garage Band n'a rien donné, ou presque : tout au plus ai-je pu sortir quelques notes désordonnées d'un instrument virtuel en pressant au hasard les touches de fonction de la surface de contrôle... Le seul aménagement proposé, en dehors de la liste officielle, tient à la faculté d'exploiter Nuendo en mode Remote, au même titre que Cubase, puisque ces deux séquenceurs partagent le même moteur. Sinon, tous les autres séquenceurs non supportés par le firmware de la ProjectMix se contenteront de ses entrées et sorties physiques, sans accès au pilotage via la surface de contrôle et donc, dans ce cas, pas d'automation possible...
            En situation
              Les concepteurs ont su limiter les commandes de la surface de contrôle à un nombre relativement restreint, si bien qu'il faut s'habituer, ici et là, à quelques combinaisons de touches afin d'activer telle ou telle fonction, car, d'un séquenceur à l'autre, l'exploitation est différente. En effet, quelques nuances existent autour d'un tronc commun, car elles dépendent directement de la conception et des spécificités propres au séquenceur considéré. Ainsi, sur Cubase, par exemple, il est aisé d'accéder au quadruple égaliseur paramétrique en pressant AUX 5, éditable au moyen des encodeurs, mais sur deux pages (parce que douze paramètres pour huit encodeurs)...Mais Cubase n'utilise pas les deux afficheurs rouges à côté de l'écran principal ambré. En revanche, Live s'en sert et surtout Logic qui affiche, par exemple, les départs d'effets de S1 à S8, une aide bien appréciable afin de s'y retrouver entre ces afficheurs majoritairement alphanumériques et le moniteur vidéo de l'ordinateur hôte. Dans Live, on navigue facilement dans les fenêtres, y compris pour les effets qui ont construit sa renommée, comme le time stretching que l'on obtient directement en pressant la touche Alt et en tournant le jog : saisissant ! Lorsqu'on réécrit le niveau dynamique d'une piste en posant le doigt sur le bouton conducteur du fader, il y a un petit temps de latence entre le contact physique établi et sa prise en compte par la gestion numérique de l'automation. La surface de contrôle surpasse allègrement tout ce que l'on fait sans finesse au moyen du clavier de la souris. J'ai donc pu essayer cette M-Audio sur plusieurs séquenceurs, ce qui demande une petite gymnastique intellectuelle pour se conformer à chaque ergonomie, mais on se prend vite au jeu !
              Une performance
                N'oublions pas la traditionnelle évaluation des prestations sonores de toute interface audio digne de figurer dans ces pages... Les divers tests effectués tant en analogique qu'en S/PDIF, au moyen d'audiogrammes de test et de prise de son acoustique, ont permis de dégager des tendances à porter au crédit de l'interface : faible bruit de fond, taux de diaphonie dépourvu d'influence néfaste sur le son, temps de montée rapide, surtout lorsqu'on choisit la fréquence d'échantillonnage de 96 kHz et un strict respect de la dynamique. Ce n'est donc pas sur ce plan que l'on prendra la ProjectMix I/O en défaut ! La M-Audio ProjectMix I/O répond aux attentes d'une grande majorité de propriétaires de project studios, grâce à sa gestion de nombreux séquenceurs, même s'il en manque quelques-uns, pour l'instant. Son ergonomie agréable facilite son installation et son exploitation. Bien sûr, on a pu remarquer ici et là quelques simplifications, mais proposer ce combiné d'interface audionumérique FireWire doté d'une surface de contrôle munie de faders motorisés à longue course (comme chez les pros !) est déjà une performance ! Alors chacun saura lui pardonner, à des degrés divers, ses petites lacunes qui ne masquent pas l'apport considérable qu'un tel appareil procure à l'utilisateur final. Ou comment faire facilement passer son studio dans la catégorie supérieure...

                Philippe David
              Cet article vous est proposé par MacMusic en collaboration avec Keyboards-Recording
              Publication de la société Studio Presse, Keyboards Recording est le magazine francophone de référence sur le Home studio et les claviers.
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