Digital Performer 5
5 janv. 2007
Digital Performer 5, un nouveau chapitre ! À l'instar de ses concurrents, la version 5 du Digital Performer propose à son tour une nouvelle version. Cette dernière apporte un lot non négligeable d'ajouts majeurs comme l'intégration d'instruments virtuels...
Introduction | |
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À l'ouverture du logiciel, on constate que la présentation de la fenêtre principale Tracks n'a pas évolué. On peut d'ailleurs le regretter puisque la fonction permettant d'agrandir en hauteur ainsi qu'en largeur les pistes MIDI et audio n'est toujours pas disponible. Bien sûr, Digital Performer, contrairement à ses concurrents, a toujours privilégié le jeu des petites fenêtres, ce qui d'ailleurs est fort utile pour des ordinateurs portables dotés de petits écrans comme la Powerbook 12" ou le Macbook 13". En revanche, un affichage à taille réduite par défaut, qui se révèle non extensible sur un 23", par exemple, rend la vision globale des pistes quelque peu ridicule, vous en conviendrez. Les nouveautés de cette section concernent tout d'abord la possibilité de réunir plusieurs pistes d'un même instrument (chaque élément d'une batterie, par exemple) ou d'une même section (rythd'échelmique, vocale...) à l'intérieur d'un dossier qui, à son tour, peut se diviser en sous-dossiers. De plus, en activant la fonction Edit Tracks in Closed Folders dans le minimenu, les pistes cachées seront actives à diverses fonctions, notamment à l'usage de la sélection globale (Select All ou pomme + A). En outre, MOTU a intégré dans le compartiment Add Tracks la fonction Add Instruments (figure 1), laquelle vous permettra d'ouvrir un plug-in, de lui définir le nombre d'instruments à installer ainsi que le nombre de pistes MIDI par instrument appelé. En dernier lieu, la possibilité d'insérer les pistes en question dans un sous-dossier vous sera offerte en fonction de votre organisation personnelle, bien sûr.
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La gestion audio | |
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Tous les utilisateurs de DP savent combien ce logiciel est exigeant en matière de ressources CPU. C'est le cas depuis toujours, probablement à cause de la qualité des plug-in offerts à chaque version. Cela dit, depuis la version 4.5, on peut affirmer qu'il est quasi impossible d'utiliser le logiciel avec un G3 et très difficile avec un G4 1,5 GHz monoprocesseur, par exemple. Afin de résoudre en partie ce problème, MOTU a décidé d'équiper chacune des pistes audio d'un bouton nommé Enable/Disable. On retrouve cette fonction sur la fenêtre générale des pistes, mais aussi dans le minimenu de la section Édition. Sachez qu'une piste audio mutée ne décharge en aucune façon votre moteur, seule cette nouvelle application du DP5 le permettra.
À noter, dans la fenêtre consolidée (modulable à souhait), l'apparition d'un Meter Bridge (figure 2) qui vous amènera au plus large, sur une échelle paramétrable de l'infini à 0 dB ou bien encore au plus précis de - 1 à 0 dB, à visualiser chaque signal entrant et sortant de votre ou de vos interfaces audio reliées à votre ordinateur, à vérifier ensuite l'activité des bus ouverts sur la console de mixage interne au séquenceur, à constater l'activité des cinq sections gérées par le tableau Bundles, à voir au final chacune de vos pistes audio et auxiliaires de manière plus complète en terme d'échelle.
L'input monitoring se voit, lui aussi, amélioré avec l'apport de quatre options détaillées dans la fenêtre Audio Patch Thru. La première : Off, l'input de la piste n'est pas audible ; la seconde : Input Only, seul le signal en entrée est audible mais pas le play-back ; la troisième : Auto pour auto-recording, le play-back est audible tant que le punch in n'est pas déclenché ; la quatrième : Blend, mélange le signal en entrée avec le playback de la piste. On notera aussi que DP5 vous évitera de créer une piste auxiliaire pour un instrument ReWire (Reason, Storm...) en activant le logo bleu Input devant la piste audio qui recevra le bounce plus tard. Notez enfin, concernant le secteur audio, que DP peut cumuler jusqu'à quatre interfaces audio de manière simultanée. Celles-ci peuvent être de constructeurs différents ou de formats divers (par exemple : la première en FireWire, la seconde sous forme de carte PCI, la troisième en USB et la quatrième en USB 2). DP5 vous donnera aussi la possibilité d'activer ou désactiver l'une ou l'autre dans la fenêtre Configure Hardware Driver. En résumé, dans le cadre d'un project studio avancé, il s'agit d'un point non négligeable, qui reste encore méconnu.
Quoi de neuf dans l'édition ? | |
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Et si MOTU avait décidé que la fenêtre principale serait celle maladroitement nommée Sequence ? En effet, « Editing » serait plus approprié. Du reste, comme par hasard, lorsqu'on clique sur Pro Tools (DP5 est entièrement compatible avec PT7.1 ou plus) dans le menu Window Sets, l'affichage se calibre sur cette même section. La boîte à outils (figure 3) offre quatre nouveautés disposées après notre légendaire paire de ciseaux : tout d'abord la fonction Trim, déjà existante dans les versions antérieures. DP5 l'incorpore dorénavant dans la Boîte à outils. Roll est là pour déplacer la frontière entre deux soundbites qui s'enchevêtrent. Cette fonction est appelée pour définir un point de crossfade, par exemple. Slip, comme son nom l'indique, fera glisser la forme d'onde de droite à gauche et inversement, le tout à l'intérieur même des limites du soundbite. Attention, même si cette fonction paraît amusante, elle se révèle utile afin de décaler une partie que l'on juge intéressante vers un autre endroit de la séquence. Elle déplacera donc votre prise dans le temps et le tempo, bien évidemment. Slide a le même usage que la fonction précédente mais à l'inverse. En effet, ce sont précisément les bordures du début et de la fin du soundbite qui évolueront simultanément. C'est en quelque sorte une sorte de Trim qui s'opère de chaque côté de la sélection.
À l'instar de ses concurrents, MOTU nous donne enfin la possibilité d'intervenir sur le gain de la forme d'onde. En quoi cela consiste-t-il ? Prenons l'exemple d'une prise de voix. Il arrive que le chanteur ne reste pas continuellement dans l'axe du micro. Si, malgré tout, le traitement de la voix effectué en amont ne rattrape pas un mot faible en volume, DP5 vous permettra de l'isoler afin de lui ajouter un gain de + ou - 1 dB ou plus ! Il s'agit là d'une fonction cruciale absente jusqu'alors. À cela, on ajoutera la possibilité d'intervenir sur le volume et non le gain du soundbite par tranche de 0,5 dB. L'ensemble des applications se référant à ce chapitre se trouve dans le sous-menu Audio : Bite Volume and Gain, ouf (figure 4) ! L'éditeur de formes d'ondes, lui aussi, subit des modifications majeures avec dorénavant un total de six onglets, dont deux nouveaux qui sont le pitch et le volume du soundbite. Sachez que cette section est la seule à pratiquer une édition destructive du soundbite. Cela veut dire une intervention directe sur les données audio originales, contrairement à la fenêtre Édition qui ne place que des pointeurs. Pour finir, l'éditeur de formes d'ondes vous permet d'appliquer des crossfades automatiques entre deux points pour une édition plus rapide.
Les instruments virtuels | |
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La nouveauté star du DP5 : au nombre de six, les instruments virtuels offerts par MOTU seront des partenaires privilégiés de votre travail de préproduction. Vous m'avez bien compris, la qualité de ces modules n'est pas à la mesure de celle des plug-in audio. Ainsi, mieux vaut considérer ces instruments comme un bonus qui ne rivaliseront en rien avec les logiciels proposés en option et payants. Tout d'abord, le NanoSampler (figure 5). Doté d'un look très proche de celui d'un Akai S5000, il permettra en toute simplicité de charger n'importe quel échantillon et de le jouer, bien sûr. Mais, contre toute attente, il offrira la possibilité, à la manière d'un jeu d'enfant, d'exécuter un drag and drop. Par exemple, sélectionnez un soundbite de votre séquence (voix, guitare, basse ou caisse claire), glissez le directement sur l'écran du NanoSampler, procédez à une édition rapide via les paramètres de loop, filtre, enveloppes, LFO et hop ! Le tour est joué ! Vous pourrez tout aussi bien, à terme, vous constituer une bibliothèque de sons inédite tirée de vos enregistrements personnels à la vitesse d'un éclair ! Sans être l'équivalent d'un Minimoog ou plutôt d'un GForce Minimonsta dont il reprend de manière simplifiée le graphisme, BassLine (figure 6) s'oriente uniquement sur des sons de basse de synthétiseur et non d'instrument. En faisant défiler les dixneuf presets, on s'aperçoit que la qualité des sons équipés ainsi que de leur spectre sonore n'a pas à rougir même si, encore une fois, il ne nous est pas permis d'établir une comparaison avec les plug-in commercialisés.
Facilité d'édition | |
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J'apprécie tout particulièrement la facilité d'édition qui permet d'intervenir rapidement sur les paramètres de base. Là encore, il est clair que MOTU exprime la volonté de proposer des plug-in répondant rapidement à un travail de préproduction. C'est le cas du Polysynth (figure 7), aux allures d'un Roland Juno 6 dont la palette sonore est celle des synthétiseurs de la première moitié des années 80. Les dix-huit presets de base peuvent être édités en intervenant sur les sections LFO, DCO, filtre, enveloppe, amp et effets. Au final, le module affiche un chorus grossier et une distorsion. Modulo, au look futuriste métallique, est un synthétiseur doté de deux oscillateurs. Les formes d'ondes sont numériques, ce qui donne à ce module un aspect sonore assez froid somme toute très propre. L'originalité réside dans le système de modulation de phase des échantillons. Model 12 (figure8), quant à lui, est un module seize parties de kits de batterie dont la gestion d'appel des instruments en individuel ressemble au Redrum de Reason, toutes proportions gardées. En revanche, Model 12 propose un filtre de résonance, de drive et de cutoff sur chaque partie. Il permet de régler l'attaque et la longueur d'une cymbale, par exemple, ou de la detuner, d'ajuster le decay, la vélocité ou d'appliquer la fonction random qui rendra le son de chaque coup de caisse claire aléatoire. Pour finir, MOTU offre vingthuit presets pour des centaines d'échantillons.
Si vous avez aimé le D4 d'Alesis du début des années 90, vous serez ravis avec ce plug-in ! Proton est un synthétiseur FM deux opérateurs. Là encore, une série de paramètres vous conduira à régler modulateurs, harmonics, LFO et, bien sûr, l'enveloppe du pitch de la modulation, du volume FM et de l'amplifier. Pour contrôler ces instruments en l'absence de clavier physique, MOTU a repris l'idée déjà présente sur Logic : le MIDI Keys change le clavier de votre ordinateur en contrôleur MIDI. Allez voir dans la section Studio. Le MIDI Keys s'affiche. Faites glisser le curseur pour déterminer en toute aisance le changement d'octave à défaut, appuyez sur les deux touches placées après le chiffre 0. Ensuite, lors de l'enregistrement, jouez avec l'échelle de vélocité en pressant avec votre deuxième main sur les touches W jusqu'au point d'interrogation. Les touches 1 et 2 sont là pour l'application du bend de 0 à 20, 4 à 9 pour une modulation paramétrée de 0 à 127. Bref, le MIDI Keys à l'air d'un outil assez rigolo bien qu'indispensable pour le nomade, lui évitant ainsi le transport d'un clavier MIDI !
La musique à l'image | |
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La musique à l'image n'est pas en reste avec la superposition des streamers, punches et flutters. Il s'agit de repères complets à l'image afin de conduire un orchestre en toute sécurité, par exemple. Ce n'est pas tout, DP5 permet la configuration en couleurs, dimensions et temps de ces mêmes éléments. Ceux-ci peuvent tout aussi bien être déclenchés à l'intérieur de la piste conductrice et figurer tangiblement sur le film Quicktime lors d'un export. On notera, par la même occasion, que MOTU porte une attention particulière au click. En effet, la firme nous propose, toujours dans la piste conductrice, de visualiser le click ou bien de le customiser en utilisant la fonction Beat pour un click à la noire ou à la double-croche, par exemple. La fonction Tacet permet de muter en volume le click et Pattern de définir la figure rythmique du click.
Un véritable phénomène | |
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Décidément, ce Digital Performer est un véritable phénomène ! Même si la qualité des instruments virtuels tant attendus n'est pas à la mesure des plug-in audio historiques, on peut espérer que les updates futurs rectifieront sensiblement ce premier jet. Cela dit, ce n'est pas tant la qualité du moteur en lui-même qui laisse à désirer mais plutôt le choix des sons (Pcm, presets...). De plus, les six plug-in ne sont pas équipés de processeurs d'effets. Pour le reste, ce logiciel est là pour répondre aux créateurs les plus exigeants. Qui osera dire le contraire ? Votre manque d'inspiration, peut-être...
Pierre Emberger
Cet article vous est proposé par MacMusic en collaboration avec Keyboards-Recording
Publication de la société Studio Presse, Keyboards Recording est le magazine francophone de référence sur le Home studio et les claviers.
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