Mac Music  |  Pc Music  |  440Software  |  440Forums  |  440tv  |  Zicos

Partager cette page
Bienvenue visiteur
Nos Partenaires

Pamelia Kurstin interview

15 juil. 2005 - par clouvel
Pamelia Kurstin est une des joueuses de Theremin les plus réputées au monde. Elle vit à New-York et vient d'accorder une interview à MacMusic, que nous sommes heureux de publier dans cette rubrique.
    Paul : Pamelia, vous avez 28 ans et vous pratiquez le Theremin depuis seulement 8 ans. Vous jouez également le piano, la contrebasse et le violoncelle. Comment êtes vous venue à la musique ? était-ce avec vos parents ? Et comment avez vous découvert ce drôle d'instrument qu'est le Theremin ? Racontez nous vos influences musicales depuis votre enfance et en particulier votre première approche du Theremin et vos impressions sur cet instrument ?


    Pamelia : je pense que cela remonte au moment où ma mère était enceinte et où j'ai écouté déjà pas mal de Bach. Je l'ai entendu faire des fautes, les corriger et les retravailler inlassablement jours après jours. J'ai toujours eu plaisir à l'écouter ainsi que mon père. Il improvisait souvent et jouait d'oreille...

    Le Theremin c'est venu après un documentaire de Steven Martin qui m'a immédiatement intéressé au point d'en essayer un...puis d'en acheter un chez Moog quand cette compagnie s'appelait "Big Briar" Et depuis je reste "scotché" sur cet instrument. Dès les premiers jours, semaines et mois, on s'applique d'abord à le jouer sans que le son qui en sorte ne ressemble à un chat hurlant à la mort. C'est Clara Rockmore qui m'avait le plus impressionné comme interprète exceptionnelle de cet instrument pour le faire sonner comme une voix ou comme un instrument à cordes.


    Paul : Le Theremin est un instrument mythique pour tous les fans de musiques électroniques. Au début, il semble "facile" à aborder mais la plupart des gens abandonnent au bout d'un certain temps. Quelle est la raison de cet abandon. Est-ce que c'est difficile à jouer à partir d'un certain niveau. Quels conseils donneriez vous à un débutant. Quels consignes donnez vous à vos élèves à NYC ?


    Pamelia : Jouer le Theremin, c'est un truc de fou ! Vous ne pouvez pas jouer d'emblée une mélodie et personne ne peut vous montrer quoique ce soit pour le faire au départ. Et quand vous possédez une bonne oreille comme beaucoup de musiciens, c'est frustrant de tenter de coordonner son corps et ses gestes, rien que pour monter ou descendre une gamme. Pour cela, il faut apprendre et comprendre combien cet instrument et son environnement sont sensibles. Le simple fait de respirer peut changer radicalement la hauteur de note... Si les gens marchent autour de vous, ils peuvent faire glisser vos notes vers plus d'aigus Il est important d'adapter et d'accorder son corps à l'instrument (accord avec le corps et l'environnement). A chaque fois que vous déplacez l'instrument ou que vous changez votre position ne serait-ce que de quelques cm, vous modifiez l'accord et l'approche de l'instrument. Et c'est difficile de développer la mémoire de ses muscles et de ses sens quand vous débutez et surtout si vous changez à chaque fois de position et d'espace par rapport à l'instrument.




    Paul : Vous êtes l'interprète la plus connue du Theremin, mais votre jeunesse et votre look donnent sans doute une fausse impression de facilité. Quelle place occupe le Theremin dans votre vie. Consacrer vous un temps important pour le pratiquer et le travailler. Etes vous une droguée de travail ?


    Pamelia : Non je ne suis certainement pas une droguée de travail et suis même un peu paresseuse. Mais cette paresse est un atout pour apprendre à économiser ses mouvements afin de trouver la bonne hauteur. Du coup cela laisse moins de place aux erreurs. J'aime vivre, danser, boire, passer du temps avec les animaux et jouer avec eux, me libérer de tous les instruments et vivre comme tout un chacun, me promener en forêt et aller nager. Mais si j'ai une idée à essayer, je l'essaye et j'y travaille : tester un nouvel ensemble de pédales, faire un arrangement pour cordes. Je joue dès que je me sens vraiment inspirée et motivée. Car je n'aime pas faire les choses à moitié ou en demi teinte. Donc, C'est bien de ne rien faire si vous n'en avez pas l'envie, car il ne sortira rien de bon et on entendra parfaitement que vous n'y êtes pas à fond...


    Paul : Quel type de Theremin utilisez vous (Big briar, Moog,...)? En avez vous plusieurs. Quels sont vos préférés, leurs qualités, leurs défauts. Comment peut évoluer le Theremin et dans quelle direction ? Que pensez vous du Theremin MIDI ?


    Pamelia : J'utilise tous les Theremins de chez Moog. Je n'ai jamais utilisé le Theremin Midi. Peut-être qu'un jour je consacrerai de l'argent à un ordinateur et que j'essayerai cette approche de déclencher visuellement l'instrument ou quelque chose comme ça. Je ne vois pas de défauts à cet instrument. S'il y a des défauts, cela ne peut venir que de moi ou de mes limites. C'est l'instrument le plus honnête qui soit. En terme d'évolution de l'instrument ? C'est un instrument encore jeune. Les musiciens auront des idées pour l'utiliser encore mieux. Je suis sure qu'il y aura encore pleins d'évolutions à venir.




    Paul : Vous semblez proche de Bob Moog et des producteurs. Etes vous intéressée par l'histoire des instruments électroniques. Et est-ce que les producteurs vous demandent conseils pour l' améliorations de leurs instruments ?

    Pamelia : Je ne réfléchi pas spontanément aux améliorations possibles... Il y a un contrôle du voltage sur les deux circuits (sur l'EtherWave Pro comme sur l'Ethervox) et cela vous donne déjà du grain à moudre et des tas de possibiliés. L'amélioration qui pourrait être intéressante, c'est comme sur un Minimoog, vous savez qu'il y a trois oscillateurs. Chacun des oscillateurs étant ajustables indépendamment. Imaginez donc le Theremin équipé de tous ces boutons... Mais en fait, rien qu'avec le contrôle de voltage, vous n 'avez pas besoin d'alourdir le Theremin. Vous pouvez trouver des synthés analogiques en studio et faire avec. Tout ce que je souhaiterai, c'est rendre l'Ethervox plus transportable. Car il est volumineux et lourd. Heureusement il y a aujourd'hui le modèle Pro. Du coup mon problème est déjà résolu. Ne pas avoir recours aux lutins du père Noël à chaque fois que je dois me rendre à l'aéroport pour un voyage avec mon Matériel. A la longue le tarif des lutins s'avère trop cher...

    Paul : Le Theremin est un instrument que les gens trouvent soit étrange soit intéressant , mais en fait il est de plus en plus utilisé? Pensez vous que les gens l'utilisent en musique électronique uniquement parce qu'il est bizarre, drôle ou anecdotique. Selon vous, quelle est la situation du Theremin aujourd'hui ? Et voyez vous des utilisations faites par des artistes d'aujourd'hui qui soient particulièrement intéressantes ?

    Pamelia : Le Theremin peut sonner effrayant, drôle ou très beau... c'est ce que les gens trouvent intéressant en lui. On ne peut jamais s'attendre à ce que va faire quelqu'un qui joue cet instrument . C'est la même chose qu'avec les chanteurs. Deux personnes ne peuvent jouer ou interpréter la même chose de la même façon. Et je ne peux critiquer quoique ce soit de ce que font les musiciens avec le Theremin. En fait peu importe de quel instrument ils jouent... seule la musique qu'il font, doit être intéressante. C'est là le point essentiel. Des musiciens intéressants ? Fichtre ! il y en a tellement... par qui commencer ? J'ai vu récemment un certain SKIP qui jouait en solo à Boston et qui était vraiment bien. Hier soir j'ai vu également une représentation avec des choeurs, j'en avais la chair de poule. Certain DJ en faisant tourner leur vinyles me rappelle des sensations et des moments drôles comme à la patinoire. Beaucoup de musiciens sont très touchants. Leurs sons m'inspirent et m'incitent à essayer des choses nouvelles.

    Paul : Beaucoup de musiciens professionnels à MacMusic peuvent se demander comment vivre du Theremin aujourd'hui. Quelles sont vos activités au quotidien ? Que pensez vous de la scène musicale à New York (votre ville) aujourd'hui ?

    Pamelia : Plein de choses se passent ici, mais néanmoins c'est difficile d'en vivre. Aussi comme beaucoup de musiciens newyorkais, je fais comme les autres, je viens en Europe car on y rencontre un public qui écoute et qui apprécie . Je joue avec Barbez, un groupe très drôle que j'ai rejoint il y a trois ans à NYC avec de fortes personnalités. Et j'essaye de ne pas trop m'éparpiller : Barbez, mes prestations en solo et quelques représentations avec des musiciens que je connais depuis de longues années. Le reste du temps je vis avec mon ami, je bouquine ; et je fais de la cuisine catastrophe quand je me mets aux fourneaux... J




    Paul : Quels sont vos derniers travaux et concerts et projets en ce moment ?

    Pamelia : Je vais bientôt finir mon premier CD en solo pour le label Tzadik, je vais jouer à Vienne ce mois-ci et puis vais tourner avec Barbez aux USA (cet automne) et en Europe (cet hiver). Et puis je vais travailler avec Dalit Warshaw, compositeur et musicien très stimulant et nous allons faire une représentation au Metropolitan Museum en février (du Rachmaninof et du Messian joué et transcrit pour Theremin et Piano).

    Paul : Quel est votre projet artistique ou musical le plus fou et le moins raisonnable que vous ne voudriez évoquer à personne mais que vous allez avouer à MacMusic (sous la torture...) ?

    Pamelia : Je faisais d'assez méchantes farces avec un ami il y a pas mal d'années... comme livrer dans des boites à lettre des produits de sex-shop un peu étrange emballé classiquement comme si cela provenait du supermarché... Et regarder les gens ouvrir ses paquets...

    Paul : Utilisez vous les logiciels musicaux pour ordinateurs (séquenceurs...) ? et si oui quel usage en faite vous ? et si non, pourquoi ? Est-ce que ces outils ont une influence sur votre façon de travailler ? quel type d'influence ?

    Pamelia : non pas d'ordinateur pour le moment. Un jour j'aimerai avoir ProTools et Logic. J'ai un ami qui devrait m'initier. Si j'avais un Mac, j'aurai déjà commencé sans doute à essayer des tas de trucs. Si j'ai un projet qui m'apporte suffisamment d'argent, j'en louerai un et j'aurai recours à un ami ingénieur du son pour m'aider à enregistrer. J'aime être entouré par des amis en studio. Cela me donne l'impression de ne pas travailler vraiment. On boit un coup, on fait un tour et hop quand c'est l'heure de s'y mettre, on est prèt, on enregistre ! C'est mieux que d'enregistrer et et de sur-enregistrer en s'éparpillant avec trop d'idées... et en perdant tout recul et toute perspective...

    Paul : Vous vous êtes donnée le surnom de " Rollerskateuse du Theremin" Parmi les Macmusiciens, nous avons quelques musiciens dont certains sont connus pour adorer le "rollerskate". Dites moi quel est le lien entre patins et créativité , Par ailleurs pour finir, quelles est cette histoire de coiffeurs ou de coupe de cheveux pendant vos cours ? Est-ce obligatoire ? est-ce une vocation ?

    Pamelia : J'adore couper les cheveux ! En général je le fais en échange d'un pack de bière... Les animaux, c'est juste que je les adore et j'aime les manger aussi (pas les cochons d'Inde...). J'adore patiner ! D'ailleurs je préfère les vieux patins aux Rollerskates d'aujourd'hui.

    Pamelia Kurstin web site
    Moog Music

    Merci à Ptilou pour la traduction de cet article.
A propos de l'auteur: clouvel
Compositeur de musique electroacoustique @ design sonore
L'avis des membres

Acheter Moog Music

en ligne chez:
Pas encore membre?
Devenez membre! C'est rapide, gratuit et cela vous permet de poster vos annonces, vos news, des questions dans les forums, de changer vos réglages d'affichage...
Contribuez
MacMusic est VOTRE site.Participez à son évolution...
Cette section de MacMusic est entretenue par Nantho et l'équipe des traducteurs. N'hésitez pas à lui proposer vos articles.
07:20 CEST - © MacMusic 1997-2024