Dbx 376
Il y a seulement 5 ans, l'acquisition d'un appareil audionumérique travaillant à des résolutions de 24 bits et/ou à des fréquences atteignant 96 kHz était le privilège des studios les plus en vue et d'une poignée de home-studieux aisés. On peut raisonnablement prévoir avec la démocratisation actuelle de ces standards que dans 5 ans, on ne trouvera plus sur le marché ni cartes son, ni convertisseurs ne fonctionnant qu'aux bonnes vieilles normes CD et DAT (soit 16 bits et 44,1 ou 48 kHz). Le gain qualitatif risque d'être notable quand le DVD Audio ou le Super Audio CD auront relégué le CD au statut d'expérimentation dans la quête d'un support numérique satisfaisant aux exigences de la perception auditive humaine. Ce pourquoi, mieux vaut penser au moment de l'investissement dans une machine, à ses possibilités évolutives d'intégration dans son environnement de travail. Doté d'un préampli à lampe et un convertisseur analogique / numérique à fréquences et résolutions multiples autant qu'élevées, le dbx 376 semble un des appareils les mieux armés de sa catégorie.
Sortie de son carton, on est immédiatement séduit par la première impression générale qu'impose la boîte : un poids substantiel, une face avant esthétique et détaillée, des potentiomètres crantés d'une séduisante précision, une finition exemplaire qui conforte dans l'idée d'une machine professionnelle à la qualité de fabrication impeccable.
Des ouïes de ventilation sont disposées stratégiquement autour de la lampe (une 12AU7 pour l'info). Un coup d'œil en face arrière révèle une connectique complète et la présence d'une alimentation intégrée, toujours appréciée. Dommage que l'interrupteur secteur n'aie pu trouver sa place en face avant, car il peut devenir relativement inaccessible dans un rack étroit, encombré ou mal organisé. Ceci étant dû à l'absence de compromis quant à la conception et à la qualité sonore, on s'accommodera vite de ce détail somme toute peu gênant. Les entrées et sorties analogiques sur XLR et jacks 6,35 symétriques sont suppléées d'une prise d'insertion et d'une entrée instrument en face avant, une bonne idée. Entrée et sortie wordclock sur BNC (avec terminaison interne 75 ohms), et sorties numériques AES/EBU (XLR) et S/PDIF (RCA) complètent le tout, garantissant l'intégration dans une ample majorité de systèmes. Si le mode d'emploi (en français) est plutôt bien fait quoique assez succinct, quelques exemples d'applications sont tout de même donnés. Une connaissance minimum de la terminologie et des techniques audio s'avèrera utile pour une exploitation pleinement efficace. Le manuel recommande de prévoir un minimum d'espace autour du boîtier pour assurer un refroidissement correct.
Après installation et mise en service, première surprise : l'engin émet un brezin de type rasoir électrique, fort ennuyeux pour votre exigent serviteur, habitué à des conditions de travail particulièrement silencieuses. Fort heureusement, le souci est ramené à des proportions tout à fait gérables après enfoncement " à fond " du câble secteur dans son embase… La deuxième surprise (bonne cette fois) vient du rougeoiement progressif de la lampe, perceptible à travers les ouvertures de la face avant, et qui ajoute une touche un peu " vintage " à une machine à l'allure très " high tech ". Reprenant un concept (parfois très !) cher à de prestigieux fabricants de périphériques, la tranche de console en rack, dbx a intégré dans son 376 tous les outils nécessaires à l'enregistrement d'une source monophonique directement dans le magnétophone, c'est-à-dire sans passer par sa console favorite, aux préamplis souvent moyens… En clair, le dbx 376 intègre égaliseur, compresseur et dé-esseur à son étage d'amplification.
La mise en service de tels dispositifs au moment de la prise de son limitant la qualité sonore et les choix au mixage, on préfèrera changer la position du micro, si la situation le permet. Toutefois, il peut être pratique de disposer de ces options, ou plus simplement approprié d'en user à bon escient. Détaillons ces possibilités en suivant le trajet du signal.
Indispensables, l'alimentation fantôme 48V, l'atténuateur de 20dB et l'inverseur de phase permettent l'emploi de n'importe quel microphone dans les meilleures conditions. Une touche " Line " bascule de l'entrée micro à l'entrée instrument ou ligne. Le potentiomètre " Drive " gère le gain d'entrée de l'étage à lampe, un VU-mètre à quatre LEDs aide à le régler. Un filtre coupe-bas à 75 Hz débarrasse le signal de perturbations parasites tels bruits de manipulation du micro ou ronflettes. Vient la section égaliseur à trois bandes, chacune réglable de –15 à +15 dB. Les bandes grave (centrée à 80 Hz) et aiguë (12 kHz) sont fixes, le médium peut être balayé de 100 Hz à 8 kHz, ce qui assure une gamme de réglages assez large. Attention aux corrections un peu extrêmes, une LED " EQ clip " vient à juste titre rappeler à l'utilisateur que l'égalisation nécessite parfois un réajustement du gain. Une touche de bypass eut été bien venue, pour mettre d'un geste l'égalisation hors service, mais aussi pour mesurer sa pertinence ou son efficacité. La section compresseur comporte deux afficheurs à LEDs (seuil et réduction de gain), deux touches (Overeasy ou soft / hard-knee et Slow ou temps de relâchement lent / rapide) et deux potentiomètres (seuil et ratio, ce dernier réglé à 1:1 met le compresseur " off ", encore une fois on aurait préféré un bypass !). La simplicité apparente de ce compresseur ne doit pas faire oublier l'habitude que requiert son paramétrage adéquat. Le dé-esseur dispose d'un réglage de fréquence de 800 Hz à 10 kHz, d'un réglage de quantité (de 0 / off – sic, rage - à 10) et de deux LEDs de réduction de gain. Enfin, un potar de niveau de sortie (escorté de son VU-mètre à huit LEDs et de sa touche d'assignation du VU aux sorties analogique ou numérique) complète la partie préampli de l'appareil.
Un tip utile : insérez un jack mono dans la prise d'insertion et vous sortirez directement un signal analogique certes asymétrique mais " pur ", c'est-à-dire arrivant de l'étage à lampe en évitant les circuits de traitement ! Ce bypass physique s'effectuera toutefois au détriment de l'utilisation (ordinairement simultanée) des autres sorties…
Les heureux (ou futurs) possesseurs d'un studio ou d'une console numérique devraient apprécier ce qui va suivre : la dernière section du dbx 376 est consacrée à la conversion analogique / numérique, avec une multitude d'options qui rendent l'appareil polyvalent dans toute situation imaginable.
dbx a équipé le convertisseur d'un système maison (dit de Type IV). En deux mots, le procédé consiste à simuler l'effet de compression naturel qui se produit lors de l'enregistrement de signaux élevés sur une bande analogique. Ceci procure une réserve de dynamique supplémentaire de 4 dB, et rend les convertisseurs du 376 particulièrement difficiles à saturer. La préservation du signal là où un convertisseur de facture commune aurait saturé offre une tranquillité d'esprit supplémentaire pendant l'enregistrement. Outre le choix du format S/PDIF ou AES/EBU en sortie numérique, de la fréquence d'échantillonnage (de 44,1 à 96 kHz) et de la résolution de sortie (de 16 à 24 bits), le 376 propose deux algorithmes de dither et deux courbes de noise shaping. Bref, tout est prévu pour alimenter la machine en aval d'un signal satisfaisant.
Et à l'usage, me demanderez-vous ? Et bien, c'est élémentaire : les amateurs de son " lampe " ne seront pas déçus. Sur une voix ou un instrument en prise directe, le son est rond, racé et chaleureux, assez typé " américain ", avec le bas-médium en avant. Le 376 rendra justice à n'importe quel microphone, statique ou dynamique, que vous enregistriez en analogique ou en numérique. L'égaliseur est discret et efficace, le compresseur apporte une " pêche " supplémentaire assurément digne d'intérêt. Quant au dé-esseur, c'est le moins convaincant des traitements proposés par l'appareil. On ne l'utilisera avec parcimonie qu'en cas de besoin réellement sérieux (genre santeur qui zozote). La qualité de la conversion, si elle ne saurait être à la hauteur de la crème des convertisseurs dédiés, est tout de même d'un niveau remarquable. La possibilité de travailler en 24 bits / 96 kHz aussi bien qu'en 16 bits / 44,1 kHz offre l'assurance de ne pas investir dans un appareil qui risque fort de devenir obsolète dans moins de dix ans. Quitte à devoir attendre un peu de disposer de cartes son ou logiciels qui " suivent " pour tirer pleinement bénéfice de l'investissement.
Certains pourraient déplorer l'absence d'une version en deux canaux, ou la possibilité de " linker " (lier) deux exemplaires d'une telle voice-box. Mais que ces aficionados de la stéréo se rassurent, dbx ne les a pas oubliés pour autant. En effet, il existe une référence 386 dans la gamme " Silver ". Celle-ci présente deux voies de préamplification, le système de conversion exclusif de dbx, mais sans comporter d'égaliseur, de compresseur ni de dé-esseur. Sachant qu'on peut préférer réserver ces traitements à une étape ultérieure de la production, et pour un prix à peu près équivalent à celui du 376, on reste rêveur devant les performances offertes par ces outils…
+ Le son " lampe ", la qualité de fabrication, le rapport qualité / prix.
- Pas de bypass sur les traitements ou de vraie sortie directe.
Distributeur : SCV Audio
Site web constructeur : www.dbxpro.com
Fréquences d'échantillonnage : 44,1, 48, 88,2 et 96 kHz
Résolutions : 16, 20 et 24 bits
Bande passante : 10 Hz à 75 kHz
Dynamique : 107 dB
Niveau d'entrée max : +11dBu (micro), +21 dBu (ligne)
Gain entrée : 30 dB
Niveau de sortie maxi : +21dBu
Gain sortie : 40 dB
Soyez le premier à donner votre Avis | |
Acheter Dbx
en ligne chez: |